Ca faisait un moment que j’avais inscrit les Wilt dans ma liste de bouquins à lire, mais vous savez ce que c’est, le Stock à Lire grossit encore et encore et comme j’ai tendance à piocher parmi les dernières entrées il y a forcément des titres qui sombrent dans l’oubli, attendant l’occasion de remonter à la surface. Dommage pour Tom Sharpe que ladite occasion fut son décès (d’un autre côté à 85 ans ça fait partie des risques de la condition humaine).
J’avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans l’histoire lors des premiers chapitres, heureusement la soirée chez les Pringsheim (qui justifie la première partie du titre) met le feu aux poudres et à partir de là les situations absurdes et les quiproquos se succèdent pour notre plus grand plaisir. A ce titre si je ne devais retenir qu’une (longue) partie du récit je conserverai sans hésitation toute la période de garde à vue de Wilt et ses joutes verbales avec l’inspecteur Flint ; c’est franchement jouissif. Mais au-delà de l’absurde l’auteur prend un malin plaisir à dénoncer les travers de la société de consommation, de la course aux apparences et d’une certaine pseudo-liberté de penser et d’agir. Critique qui reste toujours de mise à l’heure actuelle, 37 ans après la première parution du bouquin.
Que dire des personnages d’Eva et de Henry Wilt ? Finalement aucun n’est réellement attachant, Henry peine à affirmer sa personnalité et sa femme manque cruellement de jugeote ; alors que chacun déploie une énergie monumentale (volontairement ou non) à pourrir la vie de l’autre on sent toutefois qu’il existe entre eux un lien fort, certes quelque peu enfoui par le poids des années (sans parler des engueulades et autres brimades) mais toujours présent. Les autres personnages, bien que secondaires, sont tous hauts en couleurs (mention spéciale pour le révérend Saint John Froude) et viendront pimenter, plus ou moins longuement l’intrigue.
Le style est aussi agréable qu’abordable, ça se lit tout seul et ça devient rapidement addictif. Nos zygomatiques alternent entre sourires et rires (attention, une lecture en public pourra vous attirer des regards réprobateurs, voire plus), l’auteur joue à la fois sur un comique de situation et sur un comique de mots ; un peu de bonne humeur dans la grisaille ambiante ne se refuse pas.
Une chose est sure je ne regrette pas d’avoir découvert l’univers littéraire de Tom Sharpe, je continuerai avec plaisir la saga Wilt (je ne les lirai pas d’affilée, un de temps en temps quand je rechercherai une lecture légère) et, si l’occasion se présente, m’aventurerai vers ses autres titres.