Dans un pays pourri par la corruption se dresse un vieux flic au talent d'enquêteur exceptionnel. Démoli par les drames de son passé, accablé par la haine jalouse de ses collègues masculins mais entouré de l'amour et de l'admiration des femmes, il se bat pour rendre justice aux oppressés. Incompris, fou de douleur, ce héros n'hésite jamais à utiliser ses incroyables forces physiques et mentales pour parvenir à ses fins et obtenir Justice.
Alors de deux choses l'une : soit ce résumé vous plait et vous allez adorer vous jeter sur ce bouquin, qui, comme le rappelle si humblement l'auteur dans la préface de son propre livre, a remporté 8 prix de lecteurs en 8 mois (et comme je ne vous souhaite que du bien, j'espère que ce sera le cas), soit vous percevez mon sarcasme et, alertés, vous passez votre chemin en vous épargnant les 620 pages d'une intrigue très prévisible (et comme je ne vous souhaite que du bien, j'espère aussi que ce sera le cas).
J'ai pesté, râlé, grogné pour arriver enfin à terminer cette lecture. J'ai vu venir chaque rebondissement à des kilomètres, et je ne suis pourtant pas un génie de la narration. L'unique intérêt de ce livre, pour moi, a été la découverte de la culture mongole et des enjeux auxquelles elle fait face, que je ne connaissais pas du tout. Ca donne de l'originalité au récit, et ces deux éléments sont bien expliqués et bien décrits. L'auteur opte pour une stricte défense des traditions et un rejet de la modernité. Est-ce réactionnaire ? Ce n'est pas à moi de le dire.
La violence extrême qui constitue l'essentiel de l'intrigue est complètement banalisée. Y compris, et c'est dérangeant, quand c'est le personnage principal qui s'y adonne et que l'auteur nous incite à cautionner ses actes.
Yeruldelgger est le pur produit d'un fantasme de puissance virile. Il est fort. Il est réfractaire à l'autorité. Il est seul face à la corruption. Il est moralisateur. Il est aimé des femmes et des petits vieux. Et il est jalousé par les hommes... mais pas par les jeunots qui le prennent pour exemple, seulement par ceux qui pourraient (inconsciemment) représenter une concurrence sexuelle.
Il frappe sa fille si fort qu'elle plonge dans l'inconscience, mais c'est pas grave. Il pointe un flingue chargé sur son patron, mais c'est pas grave. Il zigouille tout le monde ou presque, mais c'est pas grave. C'est le héros, on peut lui pardonner son paternalisme et sa condescendance non ? Et puis puisqu'on vous dit qu'il a toujours raison !