Les chapitres s'enlisent et lassent à force d'étalage de vide californien calibré et interchangeable, et c'est certainement là le but. A la moitié du livre, on est soi même un zombie, apathique devant cette béance effrayante et les artifices qui s'efforcent à la remplir, inlassablement, toujours en vain. Que ressentir d'autre que l'ennui devant des personnages déjà morts. L'ennui dérange et gagne, c'est là la force du livre. Et puis à l'avant dernier chapitre, installé dans la routine et l'uniformité du rien, on est progressivement tiré de la torpeur d'un quotidien intemporel et cyclique par petits soubresauts face à l'introduction d'une dimension fantas(ma)tique. Tour de force et intérêt principal du livre; sans l'interminable défilé de fantômes des chapitres précédents, cette plongée délirante au coeur de la plus profonde et avancée des manifestations du dérèglement systématique des personnages n'aurait pas eu un effet aussi marquant.