Nihiliste..

Déjà petit, beaucoup de questionnement émergeait de ma tête concernant le fonctionnement de ce monde. Je regardais autour et ressentais la différence avec mes semblables. Devant la gentillesse, la plupart percevait de la faiblesse. Devant l'intelligence on y voyait une menace. Face aux autres, je préférais une certaine solitude. Ma plus grande vulnérabilité allait devenir aussi ce qui caractérise ma personnalité. La sensibilité exacerbée qui m'animait n'avait déjà pas sa place en société. Le monde n'est pas conçu pour les âmes sensibles. On te fera chier, on cherchera à te casser, on t'excluera tôt ou tard du lot en te considérant comme faible...

Vient alors le temps de la protection personnelle considérant l'agression. Car, oui, encore aujourd'hui je ressens l'autre, humain qu'il est, comme une menace potentielle. A moins de faire parti des mes proches, j'interprète la majorité des gens comme des irritants. On dit que l'homme est un animal social. Dans mon cas, je n'ai pas reçu le mémo car moins le social m'entoure et mieux je me porte. Pour faire plus court, je me suis toujours senti comme un étranger peu importe l'environnement dans lequel j'évolue. Et lorsque ce sentiment est généralisé à tous les endroits, le réflexe est de quitter les lieux. Ce qui m'amène à la chanson...

En gros, il s'agit de comprendre que le sujet en question ne s'attendait nullement à dépasser l'année 1999 en terme d'espérance de vie. A voir l'agressivité avec laquelle il relâche son fiel, on peut croire qu'il n'a pas été un enfant de coeur. Force est de constater cependant que nous sommes ici en présence d'artistes. Or, ces derniers ont souvent cette sensibilité nécessaire à ressentir les choses. Du coup, le parallèle se fait aisément avec ma situation. Au mieux de ma joie de vivre, je ne croyais pas dépasser la quarantaine. Certaines phases ont d'ailleurs été présentes le long de mon existence où je n'en avais réellement plus rien à foutre. 16-28-41 pour ne nommer que ceux-là. Les âges ou la vie avait décidé de me faire des coups de pute. J'ai bien essayé de bousculer le destin afin qu'il marche un peu en ma faveur. Pourtant, il y a une tare dans mon système qui refuse d'aimer, d'apprécier, de sourire à la vie. Et lorsque, par un hasard surprenant j'y arrive, il y a un coup de pelle dans la gueule qui me ramène au point de départ. Donc, je demeure toujours, mais toujours dans l'optique que ce sera de la merde. Du moment où ça se passe bien, je n'en serai que plus heureux. Dubitatif certes, mais content...

L'enfant. C'est lui la source de toute chose. Et pourtant, on le gave de mensonge d'adulte, on l'insère dans un moule souvent inapproprié à sa personnalité, on le veut adulte plus rapidement que supposé. Le petit prince a compris assez vite et est reparti d'ici en laissant l'aviateur avec ses songes. Le mien ( mon enfant intérieur) est malheureusement mort assez tôt. Autant le sensible n'a pas sa place, autant l'enfant sensible sera bafoué par ses camarades. Trop fragile, il sera difficile pour lui de comprendre dans quel putain de monde on vit. Cherchant des amis, il trouvera plutôt la confrontation. Il n'est pas armé pour ça et devra, de façon solitaire, essayer de comprendre ce qui ne va pas chez lui. Pourtant, le problème vient beaucoup plus des enfoirés qui l'entoure. Prenez exemple sur Jésus. Il arrivait avec un message de paix, on lui a cloué le bec...Et les mains. Sans oublier les pieds.

Dope a cette capacité à traduire diverses émotions selon la chanson. Lovesong par exemple transmet un message d'amour éternel au delà de la mort et est empreinte d'une tristesse profonde. 1999 pour sa part vous balance agressivement le nihilisme inhérent à quelqu'un qui, visiblement, se torche de crever ou pas. Rien à chier de rien à la puissance 10. A force de se tenir entre l'arbre et l'écorce, on se sent coincé et le réflexe est de se sortir de la trappe. Quitte à en perdre la vie.

Sommes toutes, j'en reviens invariablement à l'enfant. L'émerveillement qui caractérise celui-ci devrait perdurer à travers le temps. Pouvoir regarder la vie avec ses yeux à lui. Malheureusement, pour un sensible , le merveilleux fait place à la désillusion. Mon enfant intérieur a cédé sa place à un adulte aigri, pessimiste ou réaliste, c'est selon, et surtout incompatible avec une réalité présentée en dissonance avec le réel perçu. Il est bel et bien mort cet enfant que j'étais jadis. Probablement quelque part autour de...

1999.