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La plus belle musique qu’il m’ait été donné d’écouter, porte sur le suicide. Si l'on m'avait dit un jour que ce serait le cas… je me serais interrogé sur ma santé mentale. Mais le fait est que cette chanson est d'une puissance extraordinaire, car elle parvient à parler d'un sujet si lourd avec une telle sincérité, de bonnes idées dans sa forme comme dans le fond, et un agréable rythme, le tout sans avoir la sensation d'être du réchauffé.


Pour moi, sa première force passe dans l'utilisation des instruments ; le Handpan a pour effet de créer une mélodie douce et lente, et l'utilisation de ce seul instrument pendant une grande partie de la musique va créer une atmosphère lourde, ironiquement, car on n'entend que ça, on se sent lent, presque à l'arrêt. On se sent seul en fait, ça crée un sentiment de solitude, qui est amplifié par les rares airs de guitares qui résonnent, et par la voix et les paroles, car je ne sais pas vous, mais même en les sachant, il m'a bien fallut près d'une dizaine d'écoutes avant de savoir ce qui se disait. C'est un chuchotement, c'est silencieux même, on entend un soupir qui traîne en longueur comme l'écho d'un passé de plus un plus effacé ; c'est fantomatique, comme si personne n'était présent.

Cette simple utilisation des 2 atouts est déjà parfaite, car comme dit, le sentiment de solitude est intense, cette lourde pression qui s'exerce par l'absence de tout, et même de soi, sans n'avoir de force interne.


Et que dire des paroles ? Celles-ci sont simples, faciles à comprendre même, mais c'est une grande force actuellement, car comme dit, aux premières écoutes on n'arrive pas à les écouter tant elles semblent lointaines (je n'arrivais même pas à identifier les mots), mais lorsqu'on les lis, alors on est saisi d'une mélancolie encore plus profonde.


I'm armed to the teeth

like a fucking animal

I ruin everything

I get my bony hands on


Un premier vers qui résume la peur par la surprotection, qui montre aussi un degré de violence irrévocable,

Une second qui montre de la colère et du mépris de soi par du dénigrement,

Un troisième qui révèle de la culpabilité par l'hyperbole,

Et un quatrième qui affiche du dégout envers soi.

4 vers, 4 émotions, qui traduisent une émotion encore plus grande, ou plutôt une absence d'émotion : la dépression. Des mots simples, des pensées simples, des émotions simples, mais pas dans la facilité. On a un message qui est pleinement universel, et qui peut être écouté et ressenti aussi bien par ceux qui n'ont jamais traversé cette phase, que ceux qui y ont été, ou y sont.


On a vraiment une œuvre d'art réussie sur plusieurs aspects, et j'ai pourtant traité qu'une partie de la musique.


Car le refrain est encore plus destructeur, car là il reprend l'image d'un martyre ; entre la traversée du pont des soupirs de Venise - qui était utile aux prisonniers pour servir leur pénitence - ou la croix qu'on va tous porter pour s'y faire crucifier, comme le Christ, sans parler de l'image de la naissance inversée... là on ressent une nouvelle douleur. Cette fois-ci, on reconnaît ne pas être seul dans cette traversée du désert, mais c'est uniquement pour mieux y contempler ses "échecs", comme le symbolise la traversée du pont, dont tout espoir est derrière, et nos actions ne font que sanctifier nos idées noires. La croix portée, cette idée d'être méprisé par le monde, seul contre tous, détruit sur le chemin qui mène à notre inévitable mort, lente et douloureuse, pour enfin subir un sort pire que la mort. On revient en arrière, on naît pour mourir, le sens de "vivre puis mourir" disparaît pour devenir incohérent, dénué de logique, de sens, et même d'émotions, car la naissance qui se veut acte de bonheur, de nouveau, devient là un châtiment, une sensation pire que la mort, car là on sait où l'on se dirige, mais ça ne rend la destination que plus horrible, tout comme le voyage.

Ça ne s'améliore jamais, c'est toujours pire.

Et après ça, on traverse le sol.


Le fond s'accorde parfaitement avec la forme, les instruments, les paroles, le rythme... ce sentiment de misère ne fait qu'accroître, passant des bases de la dépression dans le premier couplet à la fatalité dans le refrain et le quatrième couplet (on tombe tous à travers le sol).

Pourtant ce n'est pas finis ; la musique change de tonalité et de rythme, le handpan laisse surtout place à la guitare, les voix se taisent, les choses vont plus vite. On est un peu confus dans cette phase, qui dure plusieurs minutes. C'est comme si les choses se stabilisaient. Une sortie de l'enfer ? Oui, mais pas comme on pourrait l'espérer, si tant est qu'on le pouvait.

Violemment, bruyamment, soudainement, la musique se déchaine, de nouveaux instruments apparaissent, et le rythme est plus soutenu. Pourtant, c'est toujours un air mélancolique qui se joue, ce qui se confirme aux paroles qui suivent :


I want to feel like I feel, when I'm asleep.


Plus d'espoir de possible, on a finis par abandonner, d'une manière ou d'une autre. je dis ça car je n'interprète pas forcément cette partie de la musique comme un passage à l'acte du suicide, mais plus comme celui on l'on devient si habitué à ce sentiment d'abandon, de solitude, de mélancolie, et de nihilisme... qu'on finit par l'apprécier, voire même en être amoureux. Le rythme est plus joyeux, on cri pour faire entendre notre voix, on a même peut-être envie de danser au rythme de la guitare, mais pas pour chanter la joie de vivre. Non, on est là pour dire à quel point le sentiment de ne pas être là est si envoutant qu'on aimerait ne plus être là, comme lorsqu'on dort ; on est si mort de l'intérieur, que la mort n'a plus rien à nous révéler, si ce n'est de se révéler à nous. On a si longtemps contempler l'abyme, qu'elle a tourné son regard envers nous.

Et si les paroles suivantes peuvent faire penser autrement, avec la répétition de "I want to feel", j'aime l'interpréter en continuation de ce que j'ai dis, soit l'absence telle des émotions qu'on finit par aimer cette situation, non pas comme une sorte d'amour de soi, mais comme une paix intérieure.

Puisque l'espoir a disparu, alors il ne sert plus de pleurer cet état, mais de l'accepter, car après tout, on est passé par notre phase "anti-rédemptrice".


Cette musique est un chef d’œuvre. La forme comme le fond, la structure comme le propos, tout est si bien fait, si bien écrit et construit, que l'écouter est chaque fois un plaisir, et que ses 8 minutes passent comme 3, et qu'elle peut s'écouter à tout moment, et qu'importe l'état d'esprit dans lequel on est, l'écoutant personnellement aussi bien au travail que sur le trajet (en même temps, mieux vaut peut-être éviter de l'écouter quand on se sent très mal en point).

Je ne peux qu'en dire du bien, et j'espère qu'un plus grand nombre de personnes pourra avoir le plaisir de l'écouter à l'avenir.

Hic-Sunt-Dracones
10

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Créée

le 22 août 2024

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