Connaissez-vous Goshu le violoncelliste (de Takahata) ? Dans ce film, il y a une scène où une mère souris amène son enfant souriceau malade et demande au héros - violoncelliste - de le soigner. Le héros met alors le souriceau dans son violoncelle, et, blotti dans l'instrument, les sons et vibrations de celui-ci le guérissent.
Aujourd'hui, je n'allais pas très bien, et j'avais envie d'être ce souriceau, blotti quelque part auprès d'une musique qui parlerait à mon cœur.
Alors j'ai cherché, cherché parmi tous les morceaux que j'aimais, tous ceux que j'avais écoutés récemment, tous ceux dont j'avais un jour tapé le nom dans la barre de recherche de Youtube, tous ceux qui se trouvaient dans les CD au fond de mes étagères. Et rien. Aucun ne me "guérissait", je me sentais toujours aussi mal. Et c'est vrai, je me suis dit qu'après tout j'étais con, aucune musique ne peut magiquement guérir un sentiment de mal-être surtout quand il est intense, sinon les musiciens ne se suicideraient pas ; elle peut au mieux l'apaiser pendant un instant... je regarde sans doute trop de Disney !
Soudain, je me suis rappelé que j'avais écouté The Dark Side Of The Moon récemment, et que ce morceau - The Great Gig in the Sky - m'avait particulièrement marqué.
Je l'ai écouté.
Je me suis blotti contre lui.
J'ai senti les vibrations du morceau dans tout mon corps. La partie si simple mais si belle du piano, l'improvisation de la chanteuse, les percussions en folie, le synthé ajoutant un charme futuriste, "spatial" au morceau...
J'ai pleuré toutes les larmes qui, depuis le début de ma journée, cherchaient à s'échapper.
Puis je me suis délecté de l'improvisation de la chanteuse, cette explosion de génie, et je me suis amusé à vainement chanter avec elle. J'ai aussi essayé de jouer la partie de piano. Mais que ce soit la partie de chant ou de piano, c'était impossible à jouer : ce morceau est trop irréel pour être retranscrit, il est trop parfait, trop bien pensé pour qu'on puisse en faire ne serait-ce qu'une cover arrivant à la cheville de l'original.
Ce morceau ne vient pas de ce monde. Je suis athée, et pourtant je refuse de penser que ce morceau a été créé sans l'aide d'un dieu quelconque... et si c'est le cas, alors je suis très fier de l'espèce humaine. Fier et ravi qu'une telle musique existe.
Et au milieu de mon lit, les écouteurs encore sur les oreilles et les joues pleines de larmes commençant doucement à sécher, j'ai guéri.