When you think you don't know you don't know what comes next...
Le single délirant du dernier Animal Collective vient de trouver son expression dans le domaine de l'art vidéo. Qui de mieux pour un titre aussi inclassable et barré (tout à la fois chatoyant, régressif et agaçant) qu'un cinéaste aussi radical que Gaspar Noé ?
A cinéaste radical, clip radical. 6 minutes, un seul plan. On y voit une top model manger une pomme (d'amour ?) de texture filandreuse et peu ragoûtante. Sa peau et la chair du fruit sont d'une même couleur noire veloutée et luisante, qui évoque une déliquescence et une viscosité de pétrole. On pense au générique de Millenium de Fincher. Sauf que l'autre élément du clip est le fond lumineux.
Ce dernier clignote à vitesse variable et globale accélérée, vaguement calée sur les rythmes de la chanson, et change de couleur obstinément. Toutes les teintes choisies ont en commun de contraster consécutivement et d'être criardes, fluorescentes ou particulièrement crue. La lumière se reflète sur la joue de la femme et la vitesse de défilement, liée avec la persistance rétinienne, créé de nouvelles couleurs, des flashes insaisissables, beaux et irritants, qui brouillent la vue et la perception et rendent le simple geste, outré, de manger une pomme, pratiquement insoutenable à contempler mais tout autant fascinant.
Cet écoeurement forcé est sensiblement le même que produit la chanson, à ceci près que le clip de Noé en explore surtout la veine hypnotique et malsaine, grimaçante. On appréciera la force graphique du geste, tout en saluant la cohérence avec l'oeuvre filmée habituelle du cinéaste, mais il faut bien avouer que les 6 minutes sont difficilement supportables sans frôler l'épilepsie. Je me demande d'ailleurs comment la mannequin a pu aller au bout de son entreprise de dégustation sans vomir.