Back Door Man par Olivier Warzavska
Un long moment avant de comprendre, bien longtemps après que L. m’est annoncé que mon neveu soit mort, bien après être rentré dans l’église. Le discours, l’accoutrement et le comportement de la femme prêtre me fait plus penser à un meeting syndical qu’à un enterrement - mais après avoir compris la situation je ne m'arrêterais plus de pleurer. Les murs de l’édifice se transforment. Se recouvrent de matière verte suintante comme dans cette peinture de Max Ernst : Europe après la pluie.
Je le fais remarquer à mon entourage, que cela dure depuis un bon moment, que tout cela est inutilisé, même le confessionnal est attaqué par la matière, impossible d’en ouvrir la porte.
Une allée de sable s’ouvre sans fin. Du sable ou de la terre très fine, ocre, aride, légèrement caillouteuse, craque sous mes pas. A l’horizon un ciel bleu terne. Une allée très large. Je marche d’un bon pas avec une destination en tête. A ma gauche, une usine (invisible) ; sur ma droite, j’observe un complexe industriel composé d’une rangée de cuves métalliques posées sur une gigantesque dalle en béton. Le tout se perd au loin.
Les cuves en inox mesurent une bonne dizaine de mètres de sont large de la moitié, ce sont des cylindres fermés par un cône renversé. Tous reliés entre eux par un maillage labyrinthique de tuyaux. L’une des jonctions explose et laisse échapper un nuage de vapeur, de brouillard et un jet d’eau fumante atterri juste sur mon chemin.
Une flaque se forme, le liquide translucide ressemble à de l’eau. Je l’imagine brûlante mais en marchant dans la flaque, et recouvert de ce liquide, je me rends compte qu’il n’en est rien.
C’est même agréable.