Parfois, fuir ce que l'on déteste est le meilleur moyen de s'y retrouver sans cesse confronté. Toute ma vie, j'ai tenté de fuir Bohemian Rhapsody, mais y'a toujours un mec quelque part pour en parler (en bien) ou pour l'imposer en soirée étudiante. Et même sur senscritique j'y ai droit.
Je me souviens bien d'une fois où un mec m'a expliqué ô combien cette chanson est un ultime chef d'oeuvre dont toute la magie réside dans sa conjugaison fulgurante de divers ingrédients à priori inconciliables mais dont l'alchimie fonctionne grâce au génie de Mercury et de sa moustache.
Il m'avait dit ces mots : "c'est ma chanson préférée, elle réunie tout ce que j'aime dans une chanson : une ballade parce que j'aime bien les chansons tristes, y'a du rock parce que j'aime bien le rock, un solo parce que j'aime bien les solos, et aussi un passage rigolo parce que moi j'aime bien quand la musique c'est rigolo, comme ça tout est réuni dans une chanson c'est génial !".
Je me rappelle encore de sa tête de blond totalement niais à mi chemin entre le beau gosse et l'absence de dignité. Je l'aurai bien qualifié de bâtard mais le sens a beaucoup trop changé depuis.
Sérieusement, cette chanson est une horreur.
S'il n'y avait que la ballade, ce serait seulement une chanson mièvre dégoulinante de mauvais goût de plus dans le paysage musical déjà suffisamment insulté à cette époque. Entre le piano, les paroles débiles, les cœurs larmoyants, je ne vois vraiment pas ce qu'il y a à sauver. Le problème c'est qu'en plus on a droit à une partie rock fm qui est plus mauvaise encore que les plus mauvais des morceaux de Fleetwood Mac (oui, ceux avec Christine McVie), vide d'âme et de génie. Je n'ose même pas m'avancer sur le solo façon prodige technique mais pas trop bof-bof et la partie rigolote Opéra franchement embarrassante quand elle débarque comme un cheveu sur la soupe.
Car c'est bien de soupe dont il s'agit là, un mix morose et mécanique de plusieurs ingrédients pas foncièrement mauvais mais ici franchement mal cuisinés.