Frankie s'en va-t-en guerre
Frankie revient du Viêt-Nam. Frankie retourne à sa femme et son fils, sain et sauf. Sain ? Il n'a plus qu'une seule idée en tête, qui tourne en boucle comme ce synthé bousillé et cette boîte à rythme monolithique, il va tuer son fils. Il va tuer sa femme. Frankie n'est pas rentré de la guerre; Frankie est toujours au Viêt-Nam. Frankie a été entrainé. Frankie ne tire plus sur ce qui le menace, Frankie tire sur ce qui bouge. Frankie en a zigouillé beaucoup comme ça, des niaks. Maintenant il est de retour et son flingue ne l'a jamais quitté. Frankie rentre chez lui, ne remarque pas les cris joyeux de son gamin ni sa femme qui est à deux doigts de défaillir. Frankie fait la guerre, il jauge froidement la situation, empoigne la crosse de son revolver. Frankie n'entend pas les cris devenus hurlements, il tire. Deux fois. Pang pang. Qu'est-ce que j'ai fait ? se demande-t-il. Il hurle, lui aussi. Mais ça ne change rien, les niaks l'ont cerné, il en a maintenant la certitude, ils ne partiront jamais. Frankie pointe le canon de son arme sur sa tempe, pousse un cri de guerre et appuie sur la gâchette.
Frankie est en enfer maintenant. Il le sait car ses cris résonnent bien plus qu'auparavant. Alors qu'il se perd progressivement dans les méandre du supplice éternel, Frankie se demande s'il n'a pas atterri dans l'enfer des niaks. Frankie hurle encore.