Seras-tu là...

A l'approche de la date d'anniversaire de ton départ, il me fallait le souligner. Je crois que c'est important quelque fois pour honorer la mémoire d'une personne aussi importante. Il est évident que le temps adoucit un peu les moeurs. Toutefois, lors de soubresauts émotifs comme aujourd'hui, il m'arrive d'avoir des images qui reviennent en boucle et qui transpercent la carapace créée pour éviter de sombrer dans une mélancolie trop envahissante. C'est aussi un clin d'oeil à ta plume, celle que tu m'as léguée, celle qui me sert de catharsis lorsque ca devient lourd...

D'ailleurs, le choix de la chanson est particulièrement important pour donner une image fidèle du sentiment ressenti présentement. Mélange doux amère qui fait voyager à deux endroits précis. Le premier étant mon enfance où j'ai connu l'amour d'une mère pour qui j'aurais donné ma vie si cela avait été nécessaire. Je partais en courant du salon pour aller foncer sur toi, dans la cuisine afin de t'enlacer le plus fort possible du haut de mes 4 ou 5 ans. Je me souviens même une sieste ou j'avais rêvé de ton décès. Paniqué a mon réveil, je t'ai alors demandé dans combien de temps je risquais réellement de te perdre. Ta réponse me reconfortait à ce moment là puisque tu avais repoussé cet instant de plusieurs dizaines d'années. Malheureusement, ton calcul était trop optimiste. La réalité fut plus courte que tes prévisions et l'enfant en moi t'en veut un peu pour ce mensonge. Malgré tout, tu auras su te faire pardonner milles fois par ton amour et ton affection. Même en ayant grandi, jamais je n'ai manqué de câlin, de mots doux et de sécurité. Encore aujourd'hui, tu remportes le premier prix du câlin réconfortant. Personne au monde n'a pu le remplacer ni de près, ni de loin. Et je t'en remercie...

Le deuxième endroit où la chanson me transporte est le ciel. Seras-tu là quand ce sera mon tour? Vais-je pouvoir te revoir et te raconter combien tu as pu me manquer ? Me vois-tu de là où tu es? Puis-je espérer m'asseoir près de toi sur un quelconque nuage et te dire à quel point tu aurais aimé connaître ton petit fils si semblable à l'enfant que j'ai été et si différent à la fois ? Toutes ces questions qui trottent dans ma tête sont d'ailleurs sans réponse et c'est ce qui fait le plus mal. Si j'avais la certitude de pouvoir te serrer dans mes bras une dernière fois, je serais rassuré comme tu arrivais si bien à le faire. On ne le saura jamais hélas...

La vie a continué son cours non sans heurt cependant. A ton départ et même après, j'ai eu la bouteille facile afin de noyer un peu la tristesse qui m'avait frappé. Comme un alcool désinfectant pour nettoyer la plaie. Bien entendu, ces émotions deviennent maintenant sporadiques et passagères. Le temps fait effectivement son oeuvre. Pourtant, quelquefois, comme en ce moment, il y a cette cicatrice qu'on ne doit pas gratter qui ressurgit. Et, oui, je la gratte en emmerdant la petite douleur qui vient avec l'ouverture de la dite cicatrice. Ainsi, je peux me rappeler. Me remémorer. Te revoir un peu même si ce n'est qu'en songe...

En effet, comme le dit la chanson, tu es parti trop vite, trop tôt, trop abruptement pour mon coeur d'enfant. L'adulte en moi a su gérer. Pourtant, c'est le petit bonhomme de 4 où 5 ans que j'étais qui crie à l'injustice. On ne peut pas enlever les étoiles dans le ciel. Au même titre qu'on ne doit pas enlever une mère à son enfant trop tôt. Et pourtant...

Voilà, je tenais a souligner cet anniversaire en musique. Probablement parce qu'ici bas, il s'agit d'une des dernières choses qui puisse encore faire rêver. Et aussi parce qu'aujourd'hui, j'étais beaucoup plus un petit garçon qui cherchait la main de sa maman pour traverser la rue. J'ai cependant dû trouver la force de la traverser seul. Car même en regardant dans le ciel, je ne te trouvais pas. Heureusement, tu seras toujours là, quelque part, au fond de mon coeur...

Tu me manques...