Here to Stay
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Here to Stay

Morceau de Korn (2004)

Il y a un moment, j'écoutais une entrevue avec le chanteur de Korn qui expliquait comment il en était venu à faire du métal. Il disait qu'étant plus jeune, il avait été atteint du complexe du trop bon gars. Et pour faire contrepoids avec sa bonté souvent naïve, il avait décidé de prendre un look plus rebelle et d'offrir une musique agressive. Ainsi, il arrivait à obtenir un équilibre. Probablement issu de la même fournée que lui, j'ai fait sensiblement la même chose. Plus jeune avec des cheveux longs et des habits sombres. Plus tard crâne rasé, bouc de barbe proéminent et capuche sur la tête. Je passais donc de l'intimidé en bas âge à l'intimidant étant plus vieux. Bien que les apparences soient parfois trompeuses, le mécanisme fonctionne. Seul l'auteur du stratagème en est pleinement conscient. Pour l'autre, l'impression donné fait foi de tout la plupart du temps...


Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours été une personne cumulant beaucoup d'agressivité mais dénué de toute violence. L'idée d'arracher la tête à un trou du cul peut faire surface, j'en conviens. Cependant, le faire réellement pourrait s'avèrer problématique puisque les scrupules prennent la plupart du temps le dessus. Violer une femme serait impossible pour moi. La voyant être effrayée ou pleurant serait suffisant pour tout arrêter. Je n'ai jamais grondé mes enfants durement. Le visage vulnérable de ceux-ci me rend complètement gâteau. J'ai même de l'empathie pour divers ennemis, ce n'est pas peu dire. Conclusion, probablement familier avec le complexe du trop bon gars qui arrive à pardonner et/ou relativiser afin de ne pas user de violence.


Par contre, comme les dettes impayées qui nous suivent et gonflent avec le temps, le fait d'être trop gentil provoque inévitablement un refoulement. Il y aura alors des avenues différentes selon le degré. Soit un bouchon qui explosera tôt ou tard à la puissance 10, soit de l'automutilation afin d'expulser sans faire de mal à quiconque. Et, le pire, on devient un psychopathe complètement débile. La solution se trouve donc dans la catharsis. Au même titre que le meilleur mécanisme de défense est l'humour, l'art, peu importe lequel, semble la meilleure libération. Le journal intime en est d'ailleurs un bon exemple. Le chanteur opte donc pour une certaine folie doublée d'une agressivité transmise à travers la discographie. Étant précurseur d'un style particulier, le nu métal, il apporte, en surplus, de la créativité à la purge mentale. Cette pièce, je ne sais trop pourquoi, me parle beaucoup plus que les autres du répertoire. Il y a quelque chose de gras, d'un peu sale dans son début, d'exutoire au niveau des couplets, de volatile dans son refrain. Mais ce qui me rejoint particulièrement sera le " breakdown" . Crier sa détresse, monter en puissance et finir avec le poing sur la table :


" Gonna break me down *7/ gonna break it!"


Pour être parfaitement honnête, j'ai trouvé plusieurs échappatoires plus ou moins sains afin de calmer mon agressivité. Non, il n'y a pas de méchanceté. Toutefois, intrinsèquement, ça bouille en dedans. Souvent, très, tout le temps. L'imbécile mériterait un coup de pelle, la vipère devrait se faire casser 2 ou 3 dents, le pédophile, la chaise électrique avec option de choc sur la bite et tout plein de choses joyeuses du genre de la râpe à fromage sur un crâne dégarni... Ces mêmes échappatoires ont fonctionné jusqu'ici en ce qui a trait à la violence qui m'anime sans me diriger. Pourtant, il y a bel et bien une partie de moi insatisfaite, coincée, retenue. Pour me libérer complètement, il me faudrait démolir, détruire quelques os afin d'expulser mon fiel considérablement. Mais j'ai peur...


Peur de moi-même ironiquement. Advenant la bagarre, crainte de lui enfoncer le nez directement dans le cerveau. De ne plus pouvoir m'arrêter si je commence. D'y prendre goût, devenir fou et de voir rouge. Et, comble du malheur, finir par tuer le belligérant. Pour toutes ces raisons, je reste tranquille en rongeant mon frein. Vraiment. Car il y a de ces jours où si je devais écouter le petit démon au lieu du petit ange sur mon épaule, on pourrait parler d'une boucherie bien plus que d'empathie. Fort heureusement...


Il y a les scrupules qui sauvent la mise. Pour le bien de tous.



Créée

le 3 oct. 2024

Modifiée

le 4 oct. 2024

Critique lue 14 fois

Johnny B

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