Je ne suis pas un fan incontesté de Johnny Hallyday. Je dirais même que je serais un fan contestable de celui qui a désormais pris la grande route définitivement. Et encore, je n'irais pas jusqu'à cette distinction. J'aime la plupart de ses chansons sans avoir obligatoirement à écouter un album entier (deux seulement dans ma jeunesse : Cadillac et Ça Ne Change Pas Un Homme). C'est peu mais c'est suffisant en ce qui me concerne dans ces formats-là. Alors je me cantonne à quelques chansons de lui et c'est tout aussi bien.
Beaucoup de personnes ont su écrire pour lui et il faut dire que le Johnny était un sacré chanteur, qui avait de la voix, mettant de l'âme et de la sueur à des textes écrits sur mesure à sa vie et touchant un très large public sur plusieurs générations. L'une des dernières que j'ai pu aimer figure dans Gang, l'album écrit par Jean-Jacques Goldman. C'est "Je Te Promets" (aimé de beaucoup de Français apparemment) et ça date, mais ça n'a pas d'importance.
Elle commence en douceur où un piano fait pleuvoir quelques notes. Elle va doucement à crescendo, des vibratos d'une guitare traçant des sillons nuageux très haut, une batterie appuyant le rythme progressivement avec force. Et Johnny explose mais se maîtrise, entre un pleur et un hurlement, une souffrance qui l'empoigne qu'il canalise depuis le ventre avant un dernier murmure. Après ce crescendo d'émotion envoyé au ciel, s'achève alors cette chanson poignante avec une fin étirée qui s'évapore comme un songe aérien ...
Il y a des matins, comme ça, qui ressemblent étrangement à des crépuscules. "Je Te Promets" fait partie des chansons qui font ressentir cette impression belle et mélancolique.