Quotidiennement bourré à l'acide, l’éphémère leader des Floyd aborda la fin des années 60 plus en qualité de chimiquier que d'artiste il faut bien le dire. Celui-ci avait déjà fait ses bagages et ses adieux à la planète terre pour rentrer dans la quatrième dimension des psychotropes lorsque Pink Floyd entra en studio pour enregister son second album, A Saucerful Of Secrets. Il lui restait toutefois encore quelques fulgurances pour signer la dernière chanson du disque, Jugband Blues.
Sur l'une des dernières vidéos de Syd avec Pink Floyd, on peut le voir interprétant la chanson d'une voix détachée ; sur l’arrière plan psychédélique et épileptique le visage est fermé, la mine est défaite, le regard est perdu, les cheveux en pagaille. De l'obscurité sur de la lumière intense, le contraste est saisissant, on songe alors à une éclipse aussi flippante que fascinante.
Chose inaccoutumée chez le Syd Barrett version Pink Floyd, le titre laisse aussi entrevoir une certaine tristesse au travers d'un texte abscons. Il ne sait pas vraiment ce qu'il fait là, d'ailleurs il n'est plus vraiment là, dés lors qui peut bien être en train de composer la chanson se demande t'il. Une fanfare passe inopinément au milieu de la chanson, sans prévenir, sans queue ni tête, comme cela devait se passer fréquemment dans la tête du chanteur égaré en plein cosmos.
Suite à cela, Syd l'ingérable se fera débarquer du groupe qu'il avait crée. Le joueur de flûte ne se trouvait plus aux portes de l'aube, mais bel et bien aux portes du crépuscule. Pink Floyd adoptera une orientation complètement différente par la suite, celle déjà esquissée sur "A Saucerful Of Secrets", loin du psychédélisme. Syd lui rentrera chez sa mère pour y vivre jusqu'à sa mort, en 2006.
Jugband Blues