Les hauteurs.
Cela commence par un coup de glas qui semble initier un cycle de 4 notes de piano qui évoquent de larges espaces déserts se déroulant devant un personnage seul. Au détour d'une section surgit un...
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le 24 févr. 2017
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Cela commence par un coup de glas qui semble initier un cycle de 4 notes de piano qui évoquent de larges espaces déserts se déroulant devant un personnage seul.
Au détour d'une section surgit un haut-bois nasillard, qui installe sur une ligne grave une atmosphère d'attente et de mystère, renforcée par la continuation des lignes précédentes. Imperceptiblement, vers la fin, alors que la mélodie s'élève, des violons installent un espoir, suggérent une montée vers l'épique.
Mais un brusque coup de glas met une fin brutale à ce cycle, qui recommence pourtant aussitôt, sur une ligne plus haute, avec un piano plus ample. L'attente est montée d'un cran.
A la fin du nouveau cycle, les violons reviennent crescendo, comme si cette fois, oui cette fois, la révélation était imminente.
Comme on commence à s'y attendre, le coup de glas retombe encore, accompagné de nouvelles percussions, augmentant la brutalité du couperet. Mais le cycle recommence aussitôt, à nouveau.
Et cette fois, chaque instrument donne sa pleine ampleur, et dessus vient se poser une voix de femme très éthérée. Elle ne prononce rien de distinct, ce sont des vocalises qui reprennent la ligne précédente du hautbois. C'est une forme de prière lancinante qui s'élève. La prière que l'attente soit enfin comblée. Prière qui tout en se renouvelant, semble se perdre en route, comme une imagination prisonnière d'un fantasme, qui remue la même pensée en la modulant sans cesse, incapable de s'en détacher. Imperceptiblement, un tambour et des basses ont posé derrière ce qui est devenu un éternel retour le rythme d'une respiration haletante.
Que va apporter la fin du prochain cycle ? Cette fois, on n'entend plus le glas : le mouvement est devenu instoppable, il s'entretient de lui-même. Et quand les modulations de la voix féminine sont reprises par les violons, ce sont cette fois des choeurs d'hommes qui viennent appuyer la montée : le c(h)oeur de tous ces hommes de l'Ouest sauvage, guidés par leur désir aveugle. L'or...
Mais cette montée vers le ciel est cette fois brisée par un son de cor. Le mouvement a à peine trébuché, il continue : désormais basses et tambour sont à plein régime, comme un cheval lancé au galop, gorgés de vie. La voix féminine, les violons et les cuivres sont au coude à coude pour réinterpréter la ligne mélodique entêtante, intense. Serait-ce la libération ? On sait pourtant que le cycle est clos sur lui-même, et que vraisemblablement il ne pourra pas survivre à cette dernière montée.
Et en effet : les cuivres mettent brusquement fin au cycle, tous les instruments se taisent, sauf les violons, qui sur une ligne basse laissent entendre que ce n'est pas fini.
Durant ce bref répit, les "ouins ouins" de l'harmonica viennent rappeler en clin d'oeil le thème principal du film.
Violons et voix féminine se cherchent, prennent leur élan à nouveau...
Le glas retentit, non pas pour clore, mais pour réinitier, et cette fois tous les éléments musicaux posés précédemment reviennent à pleine force, cette fois sans crescendo, reprennent le thème à plein régime. Mais déjà dans la ligne des trompettes, on note quelque chose de descendant, et les tambours ont ralentissent imperceptiblement, comme cherchant leur souffle. Et dans le dernier cycle, des percussions métalliques de plus en plus accélérées, au point de devenir un bruit continu, destructurent le rythme, suggérant un paroxysme suivi d'une perte totale de contrôle.
Arrêt brutal.
Tuco a trouvé la tombe.
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le 24 févr. 2017
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