La larme rédemptrice
Georges Brassens s'essaye ici à la complainte, un genre poétique qu'il semble déjà maîtriser au vu de la légèreté d'une œuvre qui devrait pourtant être d'une lourdeur sombre, celle d'une tragédie...
Par
le 21 oct. 2019
2 j'aime
Georges Brassens s'essaye ici à la complainte, un genre poétique qu'il semble déjà maîtriser au vu de la légèreté d'une œuvre qui devrait pourtant être d'une lourdeur sombre, celle d'une tragédie amoureuse qui finit dans les larmes et la condamnation. Mais le poète parvient à créer une lueur dans le paysage sombre des "petits" crimes de province, ce genre d'histoire populaire ne faisant que conforter les idées moralisatrices des "braves gens".
Tout d'abord, Brassens nous plonge entièrement dans ce vaste tableau qui, tout comme les personnages, n'a rien d'extraordinaire à première vue : un homme vieillissant en quête d'une relation amoureuse, une jeune femme exauçant le souhait de l'ancien à un certain prix , et les autres, les gens qui jugent les deux protagonistes avec une cruauté injuste mais commune dans ce genre de cas. Tout au long du texte, le fameux "on" désigne à chaque fois le comportement irréfléchi "des gens" qui se croit au dessus de tout, au point d'être mécontents des jugements divins.
Le portrait de la meurtrière est exceptionnellement bien dressé, car on ne sait rien d'elle. On la découvre au fil des secondes, passant d'une belle jeune fille à une odieuse criminelle, puis à une sainte reconnue par Dieu lui-même. Brassens qui qualifie ses deux personnages comme étant assez basiques place de nombreux éléments qui montre que ces individus ne sont pas dénués de morale et de foi. L'homme fait référence à des passages bibliques :"pauvre comme Job". Tandis qu'on voit en la jeune fille une stupéfiante transformation, capable des pires péchés ( assassinat, plaisir de la chair...) mais finalement guidée par les plus grandes vertus morales au grand désarroi des chrétiens du pays. La pureté de son âme et de son pardon lui offre ainsi la rédemption tant méritée; vers magnifiques que nous offre Brassens : "C'est une larme au fond des yeux Qui lui valut les Cieux"
Aussi absurde que pourrait paraître l'idée d'un bel assassinat, Georges nous dessine une complainte joyeuse et tragique. Joyeuse car les Cieux attendent la jeune fille, tragique car c'est une larme qui lui en ouvrit les portes.
Créée
le 21 oct. 2019
Critique lue 114 fois
2 j'aime
D'autres avis sur L’Assassinat
Georges Brassens s'essaye ici à la complainte, un genre poétique qu'il semble déjà maîtriser au vu de la légèreté d'une œuvre qui devrait pourtant être d'une lourdeur sombre, celle d'une tragédie...
Par
le 21 oct. 2019
2 j'aime
Du même critique
Le nom de cette chanson aurait très bien pu être "Leçon d'humilité" ou "Droit dans ses bottes", car c'est exactement ce qui en ressort. Georges Brassens nous conte l'histoire d'un petit musicien qui...
Par
le 22 oct. 2019
1 j'aime
Après une première écoute, on pourrait légitimement trouver cette musique un peu longue, ennuyeuse voire fastidieuse. En effet, pourquoi Brassens utilise t-il un rythme aussi macabre pour parler du...
Par
le 21 oct. 2019
1 j'aime
5