L'étrangère est une reprise de la jolie chanson de Léo Ferré dont le texte était au départ un poème de Louis Aragon. A deux ou trois détails près, Sanseverino reprend le texte de base, poème d'Aragon qui met en valeur les Bohémiens ou autres Roms, Tziganes ou Gitans, ces peuples nomades encore aujourd'hui très mal vus par de nombreux Français. La vie semble légère chez eux, les soirées folles, rythmées par la musique et les danses. Le narrateur y vient en bande pour faire la fête ou se faire lire son avenir, il est séduit par ce mode de vie différent et l'insouciance qui semble y régner. Il vient aussi y trouver l'amour, auprès d'une « éphémère », étrangère à la marche légère et aux yeux d'outre-mer. Le texte est vraiment très joli et vaut le coup d'être lu ou écouté rien que pour sa poésie, pour la richesse des rimes ou la danse des mots.
Mais Sanseverino exploite à mon avis encore mieux que Ferré ce superbe texte, car sa musique aux consonances tziganes colle parfaitement à l'ambiance de la chanson. On le sait, Sanseverino, fan de musique tzigane et de Djando Reinhardt, avait auparavant fait partie d'un groupe nommé Les voleurs de poule, ça ne s'invente pas mais montre tout l'intérêt qu'il porte à la culture tzigane. Ici, ont participé à la musique et aux voix des musiciens bosniaques. La musique est très rythmée, Sanseverino introduit des pauses entre les couplets et on se croirait vraiment au cœur d'une de ces soirées bohémiennes.
Bref, un morceau très réussi, Sanseverino parvenant à mon avis à encore mieux exploiter musicalement que Ferré ce joli poème d'Aragon.