Tu en fais trop, Montand !
L'étrangère est une reprise de la jolie chanson de Léo Ferré dont le texte était au départ un poème de Louis Aragon qui met en valeur les Bohémiens ou autres Roms, Tziganes ou Gitans, ces peuples nomades encore aujourd'hui très mal vus par de nombreux Français. La vie semble légère chez eux, les soirées folles, rythmées par la musique et les danses. Le narrateur y vient en bande pour faire la fête ou se faire lire son avenir, il est séduit par ce mode de vie différent et l'insouciance qui semble y régner. Il vient aussi y trouver l'amour, auprès d'une « éphémère », étrangère à la marche légère et aux yeux d'outre-mer. Le texte est vraiment très joli et vaut le coup d'être lu ou écouté rien que pour sa poésie, pour la richesse des rimes ou la danse des mots.
Après Ferré, Yves Montand essaie de proposer du neuf sur le plan de l'interprétation. D'abord, il ne chante pas le premier couplet, il parle les quatre premiers vers, un peu à la manière du rap ou du slam. Pourquoi pas, c'est original et ça passe plutôt bien. Mais quand il commence à chanter, ça se gâte, enfin je trouve. Car il en fait trop, allongeant excessivement la fin de certains mots, modulant sa voix de façon discutable ou ménageant des effets dans sa diction que je trouve peu convaincants. Pour le reste, la musique est pas mal : si elle me plaît moins que celles de Ferré ou Sanseverino, elle est bien rythmée, utilisant notamment accordéon et violon qui rendent correctement une ambiance tzigane.
Bref, ce n'est pas, et de loin, mon interprétation préférée de L'étrangère, Montand ne parvenant malheureusement pas à se limiter à une certaine sobriété.