Rien ne sert d’être esthète pour reconnaître abruptement que cette chanson est une belle saloperie. Cette précédente courte critique suffirait amplement dans certaines conditions alcoolisées, mais approfondissons dans cette incarnation musicale de la bêtise.
« Oui, madame Pavoshko, non. J'suis pas en prison ou à l'hosto, non » : dommage
« J'fais des hits, madame Pavoshko. Et vos gosses me kiffent, madame Pavoshko. » : C’est vrai que je n’vois pas à qui peut plaire cette imposture hormis à Dylan et Kévin, les gosses de 15 ans qui claquent des boules puantes dans les toilettes du collège
« Oui, oui, oui, oui, oui, madame Pavoshko. J'ai toujours autant d'inspi' madame Pavoshko » : Tellement d’inspiration toi le rappeur docile qu’on aime inviter dans nos émissions télé pour flatter l’audience, que toute ta musique se compose principalement des mots oui et non…
« C'est pour mes gars sous weed, madame Pavoshko. Si vous voulez, on s'tweete, madame Pavoshko » : là par contre je ne sais pas quoi dire, enfin lisez bien, les mots parlent d’eux-mêmes, tristesse et désolation car nous venons de lire le refrain, oui déjà
Je ne vois pas trop l’intérêt de continuer à décrire la suite de la chanson presque reine au royaume des déchets du rap français. Juste quelques petites anecdotes sont intéressantes. Premièrement, Black M s’adresse ici à ses anciennes conseillères d’éducation, une vendetta en quelques sortes, une vengeance musicale qui manie le verbe aussi bien qu’un élève sous-doué de CE2. Deuxièmement, il fallait bien que ça arrive, Mme Pavoshko conseillère principale d’éducation existe bel et bien. Malheureusement pour elle, certains fans de cette musique au personnage pourtant fictif s’en sont pris à elle physiquement. Incitation à la haine et à la violence ça fait beaucoup pour une petite musique de merde sans aucune prétention. Dommage, la frontière entre la fiction et la réalité est bien mince. Au final, on obtient une musique bien fade et dénuée de sens car aucune émotion n’est affichée dans ses textes. Je conçois bien que la haine et la violence peuvent et doivent quelques fois se retranscrire dans les textes de rap mais là même pas. C’est du rap de télétubbies, du rap qu’on passe sur TF1 aux heures de fortes audiences et dans Touche pas à mon poste pour accompagner les singeries dansantes de Cyril Hanouna. Du rap, que dis-je, de la variété française même pas digne de ce nom, représentatif de notre époque où le consciencieux ne se vend plus car le genre a peut-être atteint ses limites. En revanche, concernant les suceurs de majors, l’heure de gloire perdure et malheureusement ce n’est que le commencement puisque l’on peut toujours explorer plus profondément la bêtise et c’est ce que font Black M, Maître Gims ou autres Jul, Booba, Kaaris, Gradur, Rohff, Soprano etc… Mais bon, comme dirait l’autre : «La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence, infiniment plus profonde. L'intelligence a des limites, la bêtise n'en a pas».