Le titre signifie extrêmement sombre. Et ce n'est pas pour rien que je l'utilise en lien avec cette chanson. On se sent indéniablement tomber dans un gouffre infernal tellement l'atmosphère musicale vient chercher ce qu'il y a de plus profond comme abysses. L'apport d'une introduction qui utilise les claviers et les violons met la table pour une majestueuse claque dans la gueule aussitôt après ce prélude. Et ça part en une folie provenant d'outre-tombe avec une boucherie de percussions et le tumulte inquiétant des guitares distortionnée laissant l'auditeur carrément sur le cul. Et, malgré cette description qui semble faire état d'une cacophonie, le groupe arrive a livrer quelque chose de beau. C'est d'ailleurs la force de Mors principium est de faire rencontrer musicalement le presque absolu, émouvant à la limite, avec l'abyssale...


Évidemment, avec un titre pareil, on ne joue pas vraiment dans la cour du bonheur. En y ajoutant une voix qui semble venir d'un autre monde , vocalement guttural donc et enragé, on atteint un autre niveau. Souvent, le reproche que l'on peut faire à ces groupes où le chanteur s'égosille rageusement est qu'il n'y a pas de variantes vocales. Qu'il ne s'agit que de cris agressifs. Ici, la différence réside dans la musique qui, elle, est tellement mélodique qu'on en oublie l'aspect monocorde du chanteur. L'irritant devient donc plutôt un complément. Et il faut entendre ce cri tellement ténébreux lorsque la claque musicale repart en trombe afin de se faire une idée de ce que je déblatère ici. En image, je pourrais dire qu'on ressent vraiment le fond du gouffre. On est passé maître, à travers ce titre, dans l'art de la noirceur...


Émotionnellement, je ressens personnellement une tragédie. Il y aura vraisemblablement une fin tragique a tout ce théâtre musical qui nous happe tel un orage meurtrier où les éclairs brûlent le paysage et où le vent balaie tout sur son passage. Il le hurle d'ailleurs magnifiquement lorsque la tempête des instruments s'allient pour créer un raz-de-marée instrumental " ...rain, washing away." Je n'opterais pas pour ce morceau à l'occasion de la réception d'une nouvelle triste ou encore choquante. L'atmosphère créée arrive à vous faire sentir comme si le monde allait s'écrouler et que le feu allait tout brûler. Il m'apparaît donc judicieux de ne pas la conseiller lors d'un décès d'une personne chère. On risque soit de vouloir la rejoindre ou de tout casser autour afin de souligner ce que l'on considère comme injuste. Sombre, presque apocalyptique, néanmoins une pièce magistrale pour un groupe de death aussi mélodique soit-il ...


Je ne sais pas vraiment pourquoi la grisaille me parle autant. Possible que ce soit une réaction en retour d'un bonheur toujours suspect dans ma tête. Chaque fois que j'ai pu y toucher dans ma vie, je n'ai jamais pu y goûter longtemps. Par je ne sais quelle malchance, quelqu'un ou quelque chose venait assombrir le tableau . De plus, ayant toujours eu une sensibilité plus élevée que la norme, les aléas de la vie m'ont toujours heurté à un niveau où les larmes voulaient sortir mais demeuraient prisonnières de mes yeux. J'ai donc développé un mécanisme de défense qui flippe automatiquement la tristesse en colère. Ainsi, la beauté des cordes de ce groupe pourrait représenter ma sensibilité. La voix et la lourdeur de ce métal seraient logiquement ma colère intérieure. Possible aussi que je sois uniquement un clown qui croit pertinemment qu'il détient des réponses alors que non, il n'est qu'une merde.


Pourtant quelque chose me dit que je ne suis pas trop loin de la vérité. Et, du coup, avec cette pièce, le groupe a réussi à le dépeindre en musique...

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le 23 avr. 2025

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Johnny B

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