Absolument magnifique, cette chanson est d’abord un superbe texte écrit par Jean-Roger Caussimon bien que la version chantée par Léo Ferré soit celle qui est restée dans les mémoires. C’est une chanson où l’on découvre que, « miracle des voyelles, il semble que la mort est la sœur de l’amour ». La chanson, surtout centrée sur la faucheuse, fait ainsi un parallèle avec l’amour, nous conseillant toutefois de ne pas « confondre et l’effet et la cause », car « si lui ne vient pas, elle viendra toujours ».
Mais le texte n’est pas glauque du tout, à mon sens, et il évoque de façon poétique le rêve d’une mort qui ne soit pas un squelette muni d’une faux, mais une fille de vingt ans, une mort par conséquent douce et non violente, une mort qui est au final une délivrance, la chanson la vantant en quelque sorte, mettant fin notamment fin à l’usure du temps qui nous vole « la poignée de cheveux et l’ivoire des dents ».
C’est aussi un texte affirmant que c’était encore tabou de chanter la mort, thème réservé au « poète maudit » (clin d’œil à Villon).
Le texte est superbe, vraiment, chapeau à toi Jean-Roger pour l’écriture, mais je dois reconnaître que je préfère nettement les versions chantées par Léo Ferré. C’est pourtant Ferré qui a composé la musique de ce titre, mais je trouve qu’elle va moins bien que celle choisie par Ferré pour lui-même, celle-ci semble moins adaptée au texte, et comme pour Ferré, je préfère la version de Caussimon en public avec un simple piano.
Il faut tout de même écouter Caussimon, sa diction si particulière est somme toute assez plaisante, mais malheureusement pour lui, sur cette chanson, la comparaison avec Ferré n’est pas en sa faveur, l’ensemble est moins harmonieux, trop rapide. C’est sans doute dû au style de Caussimon qui convient peut-être moins bien à ce texte qu’à d’autres. Mais la chanson reste toutefois belle et émouvante, le texte produit aussi son effet.
Bref, n’hésitez pas à écouter ce morceau magnifique, d’une réelle beauté, et à vous laisser bercer par lui, bien que qu’il s’agisse d’« un sujet morbide » et que ce soit à mon avis moins réussi que les morceaux chantés par Ferré et même que la version live de l’intégrale.