J'aime beaucoup Nina Simone, mais non

Si vous lisez ces lignes, c'est probablement parce que vous avez aimez cette reprise, et donc que vous n'allez sans doute pas être d'accord avec moi.

J'aime beaucoup Nina Simone, mais non, c'est impossible de rivaliser avec un géant comme Brel.
Ce n'est pas parce que l'on est une vedette de la chanson américaine que l'on peut reprendre un classique français aussi facilement (j'allais dire impunément, mais ce serait quand même un peu fort).
La question qu'il convient de se poser ici - et qui est la même pour toutes les reprises de chanson - est : quelle valeur ajoutée apporte réellement Nina Simone ici, sur Ne Me Quitte Pas, malgré le talent indéniable qu'elle a pu manifester par ailleurs ? Le génie de Brel est si éclaboussant sur Ne Me Quitte Pas qu'il est de toute façon presque vain d'attendre grand chose d'une reprise de cette chanson. La barre était trop haute, dont acte.

Plus dérangeant, en revanche, est la question de la langue. Car oui, cela s'entend qu'elle ne parle pas français. C'en devient même agaçant quand on se souvient de la puissance d'interprétation de Brel et de son phrasé bruxellois, qui vivait chaque mot avec une puissance inouïe. A ce jeu, je préfère largement un Scott Walker qui a lui repris Brel en faisant traduire les textes et en ajoutant sa patte personnelle à l'arrangement musical. Ses "Amsterdam" ou "Mathilde", par exemple, sont d'autant plus réussis qu'ils prennent ce qu'il faut de liberté par rapport aux chansons originales.

En conclusion, je reconnais que ma note est un peu sévère : mais reprendre un tel monument de la chanson française, pour une artiste non francophone, était de toute manière trop périlleux pour éviter une déception.