J'ai entendu Unsainted. J'ai capoté. Vraiment. Transpercé par quelque chose de malsain. Inévitablement, Slipknot me donne le gout d'enfreindre. Violence un peu. Pourtant, lorsque Nero Forte s'est mise à jouer, j'ai carrément été happé. Pas tout de suite, au refrain. Surtout. Du Ghost assassin. Fédérateur dès le départ. On a le gout d'y aller avec lui. Je sais pas ou il va mais je le suis. Ca risque de brasser un tantinet. Une sorte de mystification étrange créée par la dualité. Le clair et l'obscur. La sensation de faire partie de la chanson. La batterie. Ca cogne. Vraiment. Un refrain quasiment radiophonique si n'étaient des cris. Probablement MA chanson 2019.
Faut se dire aussi que j'ai un peu la tête dans le cul depuis quelques semaines. Ca parait pas trop pour l'entourage. Parce que ca va. Réellement. Mais la rage refoulée par un évènement cité ailleurs cadre étrangement bien avec l'effet du morceau. Paf, dans les genoux. Comme si la musique s'immisçait a l'intérieur de ma tète et me disait en se foutant de ma gueule: " Alors, le gros, c'est comme ca que tu te sens? Avoue…". En effet. La putain de rage qui m'habite silencieusement m'est enfin traduite de manière musicale. En image, ca donne à peu près ceci.
Certains groupe ont sortie des disques cette année. C'était le son du train qui s'en vient. Mais lorsque j'ai entendu Nero Forte, là, précisément, c'était le train qui venait de me passer dessus. Les voix sont parfaitement en symbiose dans toute leur violence et leur allure étrangement sensible presque féminine à la limite. On touche chimiquement à un point sensible à l'aide d'influx nerveux créés par l'audition de la dite chanson, à ce qui s'appelle la dichotomie en psychologie. Le bien, le mal, le vrai le faux, le doux, le rude, l'humain, la bête. Les éternelles deux faces de chaque chose. Certaines y arrivent assez adroitement mais dans le cas présent, les proportions sont parfaite entre douceur et agressivité. L'aspect un peu hanté du morceau, surtout au refrain, encore une fois, exige un effort d'adaptation tellement la surprise est grande d'intégrer une part presque Pop à la sauce. Mais ca marche. Dans mon livre à moi.
Y a de la violence. Mais y a aussi une plainte. Faut se dire qu'un des membres a perdu sa fille alors qu'elle était assez jeune selon ce que j'en sais. Ca vous fait crier de rage, on s'entend clairement là-dessus. Et c'est la que Corey Taylor excelle. Dans un putain de cri...de souffrance (Faut Écouter A liar's funeral pour bien comprendre la véracité de mes propos). Guitare sèche, voix claire très calme, sensible, et puis le coup de hache dans le coeur arrive avec le cri d'outre tombe teinté d'une souffrance jusqu'ici inégalée par le chanteur selon mon humble avis. Il gueule un seul mot mais ca vous en fait presque mal avec lui. Une sorte d'empathie envers celui qui a dépeint notre propre sentiment intérieur et actuel avec sa chanson. Pour revenir à la présente chanson, elle, c'est une course effrénée et malsaine, une invitation à vouloir partager le moment en cassant impunément le genou de quelqu'un comme on l'a ressenti à la premiere écoute.
Je sais. Je ne la décris peut-être pas aussi adéquatement que dans d'autres critiques. Mais je l'explique par sa pénétration instantanée dans mon livre des classiques. Arrivée de nulle part, moment disruptif (:)) émotionnellement, instant d'hypnotisme. Dans un casque d'écoute, c'est encore mieux. Lourd, insistant, incisif, efficace, contrasté, addictif. Le titre déchire momentanément une limite dans son interprétation. Au début, ca surprend. Plus on écoute, plus on entend, on comprend, on en redemande encore un peu. Neuronale la putain de chanson. En tous cas, dans mon cerveau à moi, ca ressemble à ca si j'avais à m'exprimer en chantant…
Top 5 de l'année assurément. Si jamais je dois me fâcher dans ma vie, expulser ma colère, libérer un peu de cette folie qui m'habite parfois, c'est cette chanson qui m'accompagnera...