The most beautiful thing I've ever heard (ou presque)

Ça arrive de temps en temps. On voit surgir quelque part une photo d'une rencontre épique entre deux icônes. Ça peut aller de "Picasso qui claque la bise à Marilyn Monroe" à "Gandhi qui passe un joint à John Lennon". On ne sait jamais si c'est vraiment arrivé ou si c'est juste un habile montage. Mais quand ça concerne des personnes qu'on apprécie, et qu'on sait (on qu'on croit) que c'est vrai, il s'en dégage une véritable puissance, une grandeur indéniable.
La même chose arrive assez fréquemment dans le monde de la musique. Parfois, c'est Eric Clapton qui vient taper son solo de six-cordes sur une chanson des Beatles, parfois c'est Mick Jagger et Keith Richards qui rejoignent Peter Tosh le temps d'une chanson. Et pour le coup pas de doute possible : c'est bien arrivé !

Alors à quoi a-t-on affaire ici ? Eh bien tout simplement au meilleur exemple imaginable de ce type de rencontre au sommet. Voyez plutôt : Johnny Cash, l'authentique man in black, le seul type capable de mettre d'accord le punk le plus conservateur et le redneck le plus libéral, rencontre Joe Strummer, l'ultime poète punk, ex-leader du Clash, le temps d'une chanson. Et quelle chanson ! Les deux gaillards, tous deux d'un certain âge, reprennent tout simplement l'un des morceaux les plus connus (et un des meilleurs) de Mister Bob Marley himself !
Il faut préciser que Strummer a d'abord enregistré une version avec son groupe les Mescaleros, parue à titre posthume à peine un mois avant celle-ci, où on pouvait déjà ressentir tout son amour pour le king of reggae. Sur ce duo, Johnny Cash vient partager le chant avec Strummer, mais la musique reste celle des Mescaleros. Une interprétation solide de la version acoustique (la plus connue) de l'originale, où l'on rajoute des nappes de clavier ou un petit solo de guitare par-ci par-là. Rien de transcendant de ce côté donc, c'est vers le chant qu'il faudra chercher la majesté.
Johnny Cash avait déjà une voix rauque 'n' roll en 1959, alors 20 000 jours et autant de paquets de clopes plus tard, autant dire que son timbre a atteint des sommets de profondeur qui font un malheur sur tous ses albums American, ce titre ne dérogeant pas à la règle. Strummer a la voix un peu plus faible, un peu plus chevrotante, mais il arrive à faire passer une incroyable émotion dans son chant.
La chanson elle-même parle de liberté, de rédemption, du combat perpétuel de l'esprit face aux forces du mal que constitue le système (que les Rastafari appellent Babylon), des thèmes universels chers à la fois à Bob Marley, Johnny Cash et Joe Strummer. La chanson parle aussi, de manière plus ou moins cachée, de l'approche inévitable de la mort (au moment de l'écriture, Bob venait d'apprendre son diagnostic fatal). Quand on sait que cette reprise a été publiée après la mort de ses deux interprêtes vocaux, on y trouve une profondeur et une signification nouvelles et d'une beauté envoûtante, qui restera gravée en vous pour longtemps.

Étant donné le caractère posthume de la chanson, je ne suis pas certain que Strummer et Cash se soient vraiment rencontrés en studio pour enregistrer ce duo, ou si c'est simplement une création -excellente au demeurant- du producteur Rick Rubin. Mais qu'importe, le résultat est le même. Pari gagné : on se trouve ici avec une rencontre entre deux monstres sacrés de la musique contemporaine, qui reprennent une chanson classique d'un troisième. Inoubliable.

YellowStone
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le 16 mars 2013

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