" Depuis le ciel est un peu lourd ".
Le dernière chanson de Brel, jamais vraiment finalisée, enregistrée approximativement, et découverte avec Infiniment trente ans après sa mort, me fait encore froid dans le dos. Brel n'en était pas sûr, mais l'enregistrement est tout de même beau, sans trop de musique, seulement joué par sa voix qui se tord et se distord, crie et pleure de temps en temps, de lentement en lentement (" Je blasphémais ma dernière chance / au fil de son indifférence "). Comme dans Ne me quitte pas, la voix de Brel st son arme principale, et il joue comme un talentueux acteur.
Si on considère Sans exigences comme la dernière chanson de Brel, il n'y a rien de plus providentiel. C'est la chanson du regret, de la résignation, de tout ce qu'il aurait pu vivre si son cœur avait osé lever la main. Dans ce semblant de relation qui n'a vécu que par l'indifférence, bien pire que la haine ou que la cruauté, tout est de la faute de celui qui chante. Ce sont donc les derniers regrets qu'il exprime, en se maudissant peut-être, en se quittant, au final, en partant.
Assez peu connue, Sans exigences me touche parce qu'elle est infiniment personnelle et que, bien qu'à peine un peu plus d'un tiers de l'âge de Brel, elle fait croire que, soumis à ses propres erreurs et à sa propre indifférence, on devient tous trop vite vieux, trop vite mort.