C’était une guitare sèche légèrement désaccordée qui chuchotait quelques notes. Seule.
Puis soudain, une rencontre. Un homme sous un pont, allongé sur le trottoir. A demi-éveillé, son souffle exhale des rumeurs de solutions alcoolisées. Il est couché par terre, comme une grosse pierre ou une boite de conserve sur les pavés qui gênerait les passants. Il est quelque chose sur la route.
Au fur et à mesure que l’instrument à cordes égrène sa mélodie, l’homme émerge doucement des bras de Morphée. Il se met à chanter. D’abord à demi-mot, il élève ensuite la voix et débute une sérénade envoutante :
« Something in the way, mmm-mmm
Something in the play, yeah, mmm-mmm »
En boucle, inlassablement, l’homme nous raconte son histoire en deux phrases d’une réelle simplicité mais d’une sincérité déconcertante. Sa voix nous enivre, nous embaûme, nous berce au gré de son malheur et de sa pauvreté.
Désormais, un violon et un batteur ont rejoint le musicien et le chanteur. Le premier surprend par son classicisme exaltant et sa justesse rare tandis que le second nous entraîne dans un rythme presque hypnotisant.
Les hommes du quatuor sont maintenant au sommet de leurs arts respectifs. Alors, l’homme commence à reprendre sa position couchée pour clamer une dernière fois que :
Perdu quelque part dans la cité, finalement nous sommes tous quelque chose de paumé sur le chemin…