L'album Bringing It All Back Home marqua un moment charnière dans la carrière de Bob Dylan. Il correspond au moment où l'enfant chéri de Greenwich Village se décide à brancher ses guitares afin d’enrichir sa palette sonore des nuances de Rock, de Blues et de Country qui font la fierté de la musique traditionnelle américaine. Par ce déluge d’électricité le musicien s'attira aussitôt les foudres des folkeux les plus endurcis, qui ne lui pardonneront jamais ce qu'ils considérèrent comme un crime de lèse-majesté et une véritable trahison envers un public qui l'avait fait connaître aux yeux du plus grand nombre. Pour un temps l'artiste fut même escorté par un cortège de quolibets et de sifflets lors de ses représentations de la part de ses anciens admirateurs. Car voila bien ce qui fut la grande faute de Bob Dylan : ne plus vouloir être un porte parole et ne plus accepter d'appartenir à son public. Ne plus vouloir parler pour les autres, et seulement vouloir parler pour lui-même, et de lui-même. S'affranchir, vaille que vaille. C'est ce que décida le musicien en cette année 1965, avec un brio époustouflant. Le plus remarquable exemple de cette métamorphose se nomme "Subterranean Homesick Blues", un folk-rock au rythme effréné où la musicalité se trouve aussi bien dans les notes que dans les mots. La chanson influença un nombre considérable de groupes et d'artistes au fil des décennies et est même fréquemment citée comme étant une influence majeure du rap.
Subterranean Homesick Blues