Peur de moi-même...

J'ai l'avantage de la figure. Certains, à première vue, croient que je suis un motard. Grand, gros, crâne rasé, longue barbiche. Pourtant, je troquerais le qualificatif motard par un ours. Un grizzly ou polaire, au choix. Parce que, en premier lieu, je retourne toujours me cacher dans ma grotte. Et aussi parce que j'ai le physique de l'emploi. Les femmes se sentent en sécurité à mes côtés, les hommes me perçoivent parfois comme une menace ( jamais su pourquoi car je me mêle de mes putains d'affaires et je fais pas chier mon prochain...). Mais ce sont surtout les enfants qui me détectent réellement. Un ours. Un gros nounours avec des yeux méchant trahis par une âme tranquille. Mais revenons à la chanson.

Envoûtante. Sombre. Malsaine. Probablement dans mon top 5 des énergies inspirant la destruction et/ou l'annihilation de ce qui se trouverait sur le passage de celui qui se laisserait transporter par le nihilisme proposé par un Nietzsche qui ferait de la musique plutôt que de la philosophie. Et a l'écoute de la pièce, je peux ressentir la bête qui sommeille en moi. Par contre, elle doit impérativement demeurer dans sa grotte cette enfoirée de bête noire. Parce qu'elle me fait peur. Mon dicton pourrait être d'ailleurs : " ce n'est pas que je sois fort le problème, c'est que je pourrais être fou"...

A la base, lorsqu'on mentionne le mot Antichrist comme c'est le cas ici ( avec une agressivité vocale crédible et quasi jouissive), on sait automatiquement qu'il y a une case qui manque quelque part, un fil qui touche un autre, une cassure flagrante entre le bien et le mal. Et, je le ressens intensément ce damné (!) TNT neuronal. Et la raison est simple. Je l'ai déjà imaginé cet instant de folie qui pourrait faire de moi un anarchiste courtisant l'Antéchrist.J'avais d'ailleurs dit un jour a ma fille que si je venais a perdre mon enfant, il y aurait automatiquement deux décès. Car, je ne pourrais pas le supporter. Soit, j'en meure, soit je deviens une machine qui va tout détruire autour d'elle. Totalement déconnecté, vide, ne faisant plus de distinction entre la violence qui m'animerait et le désir de tout démolir sans même me poser la question si je suis dans le tort ou pas. Rien a chier. Je serais mort en dedans. Un enfant, jamais! Pas les miens ni même ceux des autres.

On comprendra mieux alors pourquoi je ne me suis jamais réellement battu. Ça s'arrête avant ( l'avantage d'être bâti comme un ours j'imagine...). Et je maintiens mon calme a peu près partout ( sauf en cas d'attaque envers l'enfant) grâce a une empathie trop souvent envahissante ( par moment, je devrais vraiment être plus méchant). Honnêtement, c'est pratiquement mieux ainsi. Car s'il fallait...

Il suffira à l'auditeur de se rendre au 3/4 du morceau et de se laisser emporter par la batterie qui se déchaîne. C'est, mathématiquement, sur ce tempo que je cognerais sur le fils de pute qui m'aurait fait péter un cable. Et ça en prend énormément , je le répète. J'aurais donc peur de ne pas seulement me défendre. J'aurais plutôt la crainte de détruire l'autre. L'anéantissement total issue de 45 ans de retenue afin de ne pas faire souffrir l'autre. Et je dirais que c'est tant mieux, au moins légalement.On dit bien de ne pas réveiller un ours en hibernation.

Enfin, c'est ce genre de morceau qui canalise ma rage. Je la ressens musicalement, je la laisse faire son chemin telle une catharsis d'environ 4 minutes. Puis, j'écris a l'aide d'image ce que la musique m'inspire. Dans ce cas ci, la violence, la recherche d'une destruction fantasmée, l'anarchie totale. Mais j'ai peur de moi parfois. Et si la bête voulait sortir un jour...