The Gift of Guilt
8.3
The Gift of Guilt

Morceau de Gojira ()

Je ne suis pas un fidèle auditeur de Gojira. A vrai dire, je ne pourrais nommer que deux pièces du groupe. Celle-ci et Hold on. Cependant, je dois reconnaître que lorsque la chanson se fraie un chemin jusqu'à moi, elle a ce quelque chose de particulier, de spécial, presque ésotérique tellement leur approche se différencie des autres. Et ce n'est même pas musical. Il y a cette petite ambiance éthérée qui transcende et qui frappe où ça fait mal. Comme si on tournait le couteau dans une plaie musicalement (!). On fait une place plus grande à la batterie qui semble ne pas adhérer aux codes établis dans le milieu. Déphasée, en contretemps parfois, l'offre du groupe a une texture moins propre que la compétition. Des arrangements plus bruts, brusques, parfois même extravagants au niveau des guitares font de leur musique un amalgame certes étrange à prime abord mais originale donc plus identifiable...


Ce mélange incongru à toutefois resonné assez fort en moi malgré mon hésitation face à leur offre. C'est d'ailleurs cette guitare à l'introduction qui a fait le plus gros du travail dans mon esprit. Jouant un peu de guitare, je peux affirmer sans trop me tromper que ce passage est facile à reproduire. Cependant, son effet s'avère instantané du à son aspect gravissime. Ce qui m'a troué le cul pourtant est qu'on pourrait prendre le sujet en question et le transposer en musique. Si la culpabilité avait une mélodie, probablement qu'elle ressemblerait à cette introduction qui d'ailleurs termine le bal aussi adéquatement qu'elle le commence. Simple. Mais foutrement efficace pour illustrer une émotion musicalement. Vocalement également on a affaire à du brut, papier sablé, sans fioriture, écorché. Comme si une éraflure dans la voix du chanteur causait une grafigne lancinante dans le coeur de l'auditeur...


L'hypersensible en moi connaît parfaitement ce sentiment qu'est la culpabilité. Il s'agit d'une arme particulièrement redoutable afin de contrôler l'esprit de quelqu'un pour obtenir un avantage. On peut littéralement se manger de l'intérieur en éprouvant de la culpabilité. On s'en est servi contre moi à plusieurs reprises et honnêtement je pliais facilement sous la pression. Sans être sexiste, la plupart du temps, il était question d'une femme qui voyait l'ouverture, y entrait et tournait le couteau jusqu'à obtention d'une réaction positive pour elle. Avec le temps, on se protège mieux et on développe des stratégies pour annuler l'effet. Pour ce faire, on doit obligatoirement penser de manière cartésienne, logique et froide. Ensuite, on se pose les questions d'usage qui concernent les raisons de la culpabilisation. Finalement, demeurer extrêmement honnête face aux réponses que l'on se donnera. Ainsi, on arrive à réellement savoir si on doit culpabiliser ou pas. Agir en se disant qu'une caméra est braquée sur nous peut aider également...


Là où le bas blesse s'inscrit dans ce que j'appelle la fissure. Si on a minimalement la fibre coupable à l'intérieur de nous et ce, de manière permanente, on se retrouve dans la merde. Cette faille représente pour les autres et même pour soi-même, l'entrée vers un enfer de pensées totalement intrusives. L'autre exploite cette échancrure à son avantage et recommencera voyant une réussite. S'il échoue, les tentatives se feront moins nombreuses jusqu'à arrêt total. On est guéri. Toutefois , la pire culpabilité se rapporte au temps/enfants. Chaque parent vivra des remords, ce qui, selon moi, s'avère sain. Comme nul n'est parfait, l'auto examen de conscience demeure salutaire. Par contre, lorsqu'on ressent avec conviction avoir merdé, il ne semble pas y avoir d'issue , de réparation possible malgré des excuses senties. Seul le temps adoucit les moeurs et peut, à l'occasion, offrir une seconde chance. Il en dépend de cet autre, envers qui on culpabilise. Si celui-ci se ferme, l'hôte coupable ne pourra jamais avoir l'esprit tranquille. Ça tourne en boucle, ça paralyse, ça bouffe le dedans, ça gruge le moral, ça cause des regrets, ça rend taciturne, mélancolique, ça...


J'ai merdé. A divers endroits de ma vie. Pas intentionnellement ni consciemment. Pourtant, je ressens de la culpabilité en pensant a mes enfants. Le couteau lacère lentement et depuis longtemps des bouts de mon coeur. La communication me permet d'avoir des pauses, laissant ainsi mon coeur souffler sporadiquement. Cependant, ce sera toujours lors des silences que ma tête, elle, fera du tapage. Et dieu sait combien il y a un boucan d'enfer dans mon cerveau. Mon coeur, tranquillement, s'use à force de questionnement et de culpabilité. Et si j'avais à donner une image musicale à ce sentiment coupable d'avoir merdé et d'avoir fait souffrir l'un d'entre eux, j'irais avec cette introduction à la guitare. La chanson, au-delà des mots, arrive à illustrer, grâce à quelques notes sur une guitare, comment mon coeur traduirait ma culpabilité...


En musique.

Jean-francoisBohémie
9

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Créée

le 24 avr. 2025

Critique lue 8 fois

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Johnny B

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