Pour moi ce morceau c’est la vie, littéralement.
Déjà parce que Devotchka arrive on ne sait comment à faire toutes les émotions en même temps sur trois mélodies différentes, dont la première qui n’est composée que d’un simple accord 4+3 en “do” (“do”, “mi” et “sol” sont répétés), puis le “do” est remplacé par le “si” juste avant.
C’est tellement simple… Mais c’est tellement efficace…
C’est efficace parce que le décalage entre le “do” et le “si” se fait clairement ressentir. On entend quelque chose de sobre et de simple, puis ça devient plus monotone comme si ça cachait quelque chose, surtout qu'on garde deux notes sur trois ce qui rajoute de la similarités aux deux accords, et toutes les mélodies sont ainsi, y compris la principale (celle au violon), tout est si beau mais tout est si mélancolique en même temps…
Certains diront que du coup on ne sait pas quoi penser en écoutant ce morceau qu’on ne sera pas quoi ressentir et qu’on ne pourra pas choisir entre la tristesse et la joie.
Mais pour moi ça va beaucoup plus loin, j’ai justement l’impression que l’on peut l’écouter à n’importe quel moment de sa vie. Peu importe les choses géniales qui viennent de nous arriver et peu importe les pires horreurs qui viennent de nous arriver… Ce morceau, que l’on soit à une fête ou à un enterrement, que l’on soit en joie de vivre ou en dépression, que l’on soit entre amis ou en deuil, que l’on soit joyeux ou triste… Ce morceau nous rappelle toujours : “C’est la vie, y' a des trucs biens comme des truc nuls, mais continu quand même !”
On peut également noter la présence de différents instruments exprimant plusieurs tons de la vie avec par exemple, un violon extasié très aigu et à l’inverse un accordéon assez morose. Cependant, c’est ce que je pourrais reprocher au morceau, c’est trop classique, j’aurais préféré des instruments encore plus distincts, car ici ce ne sont que des cordes, et surtout on l’est retrouve trop souvent ensemble dans la musique de ce genre (le violon et le piano).
Enfin je parlerai de la structure, les mélodies qui viennent les unes après les autres, font un effet d’évolution, on passe de la simplicité à des émotions plus fortes et claires. Outre le fait que ça fait encore une sorte de résumé de la vie (passé de l’enfance à l’adolescence puis à l'âge adulte), ça fait aussi effet sur l’écoute, que l’on soit joyeux ou triste, le morceau commence toujours par une mélodie très simple et ambiguë c’est celle ci qui dit “c’est la vie, ça arrive”, puis, seulement après, avec le violon et autres percussions très dynamique, on dit à l’auditeur : “il y a des trucs biens !”. Puis, la musique devient plus morose et monotone et baisse en intensité, on dit à l'auditeur : "mais y a des trucs nuls aussi…", puis soudain, la musique monte en intensité et en fréquence et devient très encourageante, c'est là que l'a musique dit : "mais continu quand même, n'abandonne pas !", Et enfin, toutes les mélodies sont jouées en même temps et tout est sublime, tout est joyeux, il y a quelques passages moroses mais TOUT VA BIEN (ou presque ?).
Le morceau commence par nous faire réfléchir sur notre situation, et ensuite il nous invite à continuer à nous battre contre tous les malheurs de la vie. En tout cas c’est comme ça que je le ressens à chaque écoute, c’est le genre de morceau que j’écouterai tous les matins si je traversais une période difficile. Dans les moments difficiles ça me réconforte et dans les moments simples ça m’accompagne. Ironiquement, au lieu de forcer sur la tristesse, c’est en mettant toutes les émotions en même temps que ce morceau devient très fort émotionnellement.
Bref, je suis vivant et ce morceau me dit : "Écoute… C’est la vie.”