A l’heure où beaucoup manifestent contre le « mariage pour tous » et surtout où un vent d’homophobie plus ou moins assumé souffle sur la France, me revient le souvenir de cette chanson, appréciable pour son propos empli de respect et de tolérance : Une femme avec une femme, initialement Mujer contra mujer, en espagnol. Me revient ainsi le souvenir de cette chanson travaillée en cours d’espagnol il y a quelque temps de cela, je n’ose compter les années. Une jolie chanson qui fait du bien. Qui évoque l’homosexualité bien sûr, mais qui nous touche tous, car nous nous sentons tous à un moment ou un autre différent des autres, à tort ou à raison.
L’homosexualité n’est pas facile à assumer, même aujourd’hui, dans notre France des droits de l’homme. Même si la société a évolué, des mots surgissent vite, et s’ils ne sont pas prononcés, le mépris est visible, encore trop souvent, il suffit d’un regard ou d’une simple moue…
Le texte de cette chanson évoque la question de l’attitude à choisir face à ce rejet : se cacher ou assumer cette homosexualité ? La réponse n’est pas évidente. Se taire évite peut-être les ennuis, les remarques, les regards hostiles, mais cette attitude permet-elle de vivre pleinement son amour ? Cette attitude ne risque-t-elle pas de rendre l’homosexualité davantage suspecte ? La chanson semble plutôt pencher pour l’attitude consistant à ne rien cacher : évidemment, on va se faire lapider (au sens propre seulement en Europe, mais il faut savoir qu’on risque lourd à être homosexuel(le) dans certains pays comme l’Arabie saoudite ou l’Iran…), mais comme le dit la chanson, assumer cette sexualité, c’est provoquer le rejet, recevoir des pierres, celles-ci permettant toutefois de « construire une forteresse » alors que se cacher ne permet pas d’avancer. De toute façon, comme le dit la chanson, de façon peut-être un peu maladroite, peut-on arrêter des colombes en plein vol ? Le choix des colombes n’est bien sûr pas innocent, cet oiseau symbolisant, notamment par sa couleur, la pureté, mais de façon plus générale, la paix et ici l’amour. Quant à ce vol irrépressible, c’est le souffle de la liberté qu’on aimerait puis puissant encore.
Le texte français aurait peut-être pu être meilleur, il est un peu maladroit, certaines expressions n’étant pas très claires. Je préfère la version espagnole, le castillan étant ici tout à fait délicieux à écouter, même si l’on n’y comprend rien. En tout cas, la voix d’Ana Torroja est douce, et le texte est un hymne à la tolérance. Réécouter ce propos ne changera pas sans doute l’avis de ceux qui pensent que l’homosexualité est contre-nature, pour reprendre leurs termes, mais ça reste un moment agréable qui, en ce qui me concerne, a un peu un goût de madeleine.
Me revient aussi le souvenir de très jolies chansons dans cet album de Mecano, comme Eungenio Salvador Dali, Hijo de la luna, mais c’est une autre histoire, pour une autre fois…