On ne regardait pas les bateaux avec ma mère, mais on regardait parfois le ciel.
Je croyais à une époque que les nuages étaient tout l'amour que tu y avais envoyé, et qui s'était condensé pour laisser une trace, comme une piste, un moyen de te rejoindre, de te retrouver à celui que tu aimais si fort, et qui n'est jamais venu.
C’était comme les signaux de fumée d'indiens un peu tristes.
On regardait parfois les étoiles sur le balcon, par les chaudes nuits d'été. On regardait le passé, bien trop sûr, qui faisait un peu mal, et le futur, incertain, qui faisait un peu peur avec la même angoisse; mais on regardait surtout ce moment présent qu'on passait ensemble et on se disait sans un mot que peut-être, il serait là pour toujours...
Et on avait raison au delà de toutes les évidences qui insistent du contraire en me montrant ta tombe: Il sera toujours là ce moment d'éternité qu'on a partagé, tant qu'il y aura des étoiles joyeuses, et des nuages tristes dans le ciel.