Ce que j'adore avec Kanye West, c'est son ambition: celle d'élever le hip-hop au rang d'Art avec un grand A, ne rougissant absolument pas à côté de la musique classique.
Après un premier album réussi (The College Dropout) mais assez commun dans ses influences de la black music, s'ancrant dans la catégorie du "rap intello et jazzy" tels The Roots; il passe à un autre niveau avec The Late Registration: en étant dans la continuité de son premier essai, on commence déjà à déceler sa mégalomanie qui sera sa fameuse marque de fabrique.
Sur la vingtaine de morceaux composant Late Registration, un représente parfaitement cette
volonté qu'à Kanye West de pousser le rap vers d'autres sphères: We Major. Ça doit faire 5 ans que je l'écoute un peu près chaque semaine et je n'arrive toujours pas à m'en lasser, il n'a pas vieilli d'un poil et je ne suis pas capable de repérer le moindre défaut à ce sommet de perfection!
Oui, en effet, perfection il y a. D'une durée monstre de presque 8 minutes, le titre passe à toute allure, ne faiblit absolument jamais et maintient une virtuosité imparable pendant tout le long.
Musicalement, c'est d'une richesse rare: ne se contentant pas de poser sur un sample légèrement arrangé et scratché, Kanye West le transforme complétement en une orchestration absolument époustouflante où trompettes, cuivres et piano s'harmonisent magnifiquement et donnent une dimension épique au morceau (j'appelle ça de l'operatic rap... oui, j'invente moi-même des sous-genres maintenant) . Surtout que même si We Major commence très fort, il ne fait que monter en puissance pour se conclure d'une manière extraordinaire!
Que dire des interprètes? Si Kanye West fait le job mais se met un peu en retrait, c'est pour mieux laisser place à ses invités qui apportent chacun une force particulière à la chanson: Nas et son flow de la grande école new-yorkaise, Really Doe et son ton détaché typique de Chicago et surtout les envolées R&B absolument splendides de Tony Williams (bizarrement pas crédité, j'ai du chercher son nom sur Internet).
Ouais bon, les paroles ça pisse pas haut: ça débite sur des thèmes très classiques d'egotrip du genre la weed pour notre ami Doe, les taspés pour Kanye, le dépassement de soi pour Tony etc... Nas relève un peu le niveau par contre! Mais en vrai, on s'en fout! J'écoute jamais du rap (et plus largement des chansons) en exigeant des poèmes de sous-Rimbaud ou une vision démagogique sur la monde en package. Ce qui prime, c'est que ça sonne bien à l'oreille, ce que fait admirablement We Major! En plus, c'est en anglais donc je pige pas, ça me dérange encore moins qu'ils se soient pas foulés sur la profondeur textuelle! ^^
Bref, mon morceau de rap préféré! Celui qui me fout à chaque fois la pêche comme aucun autre titre malgré que je l'ai saigné pendant des années. Clairement..