No one can save me but you
C'était un lundi. Il était 14h17. Je me souviens parce que je ne sais pas exactement quelle heure il était à ce moment-là, j'ai pas regardé en fait, du coup, je dis ça c'est une fourchette.
J'avais regardé un ou trois nouveaux épisodes de 10 minutes à perdre, je m'étais même dit qu'ils étaient toujours drôles, mais pas sur Canal+.
Ensuite, c'est toujours le risque avec YouTube, tu cliques sur les vidéos proposées sur le côté. Certains tombent sur Tellement vrai. D'autres aiment bien les meufs un peu pouffiasse qui font des vidéos beauté / maquillage / osef, ça les détend, ça leur donne même l'impression qu'elles aussi pourraient en faire, des vidéos tuto passionnantes.
Les yeux exorbitées, la susdite personne a préféré arrêter de regarder, ou d'écouter, pour aller voir le twitter de la meuf.
Sur twitter, c'est difficile de vraiment comprendre ce qui se passe à moins de vachement cliquer pour voir les conversations. Parce que les jeunes, tu vois, ils discutent là dessus, c'est mieux que les discussions, les SMS, les tchats, les mails, les appels, toute chose un peu privée. Le mieux c'est quand ta mère peut tomber sur ton compte twitter et voir que tu fais des sextos que même Papy René pourrait lire.
Non pas que je sois réfractaire à cette "technologie". Ce média, mettons. Mais c'est chiant, donc que fait-on quand c'est chiant ? On regarde les photos. Affligeant, toujours. Au secours. Fascination du vide.
Quand soudain, je tombe sur sa photo top dédicace à sa chanson préférée de tous les temps.
Ah ça m'a bien appris à laisser trainer mon regard sur les internets, j'ai tout fermé les fenêtres, les onglets.
Sa chanson préférée fait partie de mon top 10 personnel. Pute.
Voilà encore une chanson de 1989, mais une chanson que j'ai découverte un peu plus tard sans doute, puisque j'écoutais OuïFM, et il me semble que ça correspond au collège du coup.
Je l'entendais et je l'aimais et je ne savais pas ce que c'était. De la difficulté de comprendre les animateurs de radio quand ils disent le titre d'une chanson, ou un artiste, quand ils le disent et quand ils ne se trompent pas.
Du coup, c'est en juillet 1993 que j'ai enfin eu la réponse à cette question existentielle, alors que j'étais à Gravesend dans le Kent en séjour linguistique. La fille de 7 ans de la famille regardait MTV (j'ai donc également découvert MTV à cette occasion), c'était le matin. Prenions-nous le petit-déjeuner ? Allions-nous partir ? En tout cas, voilà t'y pas que le clip il passe et j'entends donc cette chanson dont je suis amoureuse depuis si longtemps, et que je cherche désespérément depuis si longtemps.
Et depuis ce temps alors, pas de regret ? Ben non, ça fait 20 ans qu'elle est dans mon top chansons préférées, que voulez-vous, Chris et moi, c'est pour la vie.
Du coup, je suis un peu dérangée quand de jeunes meufs se l'approprient. Bientôt ça va être quoi ? Hunting High and Low ?
Je devrais être si heureuse que cette chanson soit intemporelle. Mais non, c'est plus fort que moi, il faut la mériter. C'est comme les momes d'aujourd'hui qui sont fans de Friends. Nan mais Allo quoi ! La série est terminée depuis 2004, vous n'étiez presque pas nés !
Bon ok, il y a peut-être des gens qui se sont sentis à l'époque beaucoup plus visés, ils étaient censés avoir 27 ans au début de la série, j'étais assez loin de les avoir. C'est comme si je ne la méritais pas. Et ces gens m'ont acceptée quand même, contraints et forcés mais acceptée quand même.
Alors que moi là maintenant, ce que je mérite, c'est How I Met Your Mother, et on sait comment ça tourne maintenant. C'est un peu caillé, pas vrai ?
De vous à moi, la vie nous vieillit, je vous le dis. C'est plus ce que c'était. Il n'y a plus de saison.