Des visages
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le 4 juin 2018
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Le documentaire m’a bouleversé mais comment ne pas être bouleversé devant tant d’horreurs ?
Tout le monde, tous les français, doivent se souvenirs du 13 novembre 2015.
Où étaient-ils ?
Que faisaient-ils quand ils ont appris la nouvelle des attentats parisiens ?
Moi, je me souviens très bien, j’étais pourtant à 22.000 Km de la capitale française. Nous étions le samedi 14 novembre et comme tous les samedis matins de cette année-là, nous animions une émission culturelle en direct sur les ondes de Radio Nouvelle-Calédonie la première. Notre émission se devaient d’être drôle et divertissante, mon rôle, d’ailleurs, était bien de dire des conneries pour faire marrer nos invités et nos auditeurs. La rédaction nous fait passer un petit mot discrètement durant le direct. Des nombreuses explosions auraient secoués Paris et une prise d’otage serait en cours au Bataclan. Pas facile de rebondir après cette annonce qui non seulement nous prend de court mais en plus est pleine de conditionnel. C’est à la fin de l’émission, pendant le journal que nous prendrons conscience de l’horreur de la situation parisienne. Je ne suis pas à plaindre, bien sûr. Je suis loin et par chance je ne connais personne qui a été blessé ou tué durant les attaques mais comme de nombreuses personnes, je connais quelqu’un qui a perdu quelqu’un dans les attaques.
Le documentaire m’a bouleversé disais-je en introduction. En donnant la parole à de nombreux acteurs des évènements, le documentaire met en valeur la parole des survivants. Le documentaire est thérapeutique. Il faut libérer la parole pour réussir à surmonter les traumatismes. Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce documentaire c’est qu’il n’aborde jamais ni les origines ni les religions des attaquants. En ce sens, il évite tout amalgame. Les terroristes sont appelés terroristes, assaillants ou brêles mais jamais ne sont désignés par leur origine culturelle ou religieuse.
Ce qui est très fort aussi, c’est toute l’humanité qui se dégage des paroles dites, des gestes décrits. Humanité contre barbarie. Même les assaillants sont touchés par cette humanité. La description de la prise d’otage du Bataclan est éloquente à ce propos. Les terroristes n’ont pas tué les otages, alors qu’ils ont abattus froidement 90 spectateurs du concert.
Les paroles échangées avec les otages ont-elles affaiblit la détermination des terroristes ?
Alors c’est vrai que le documentaire n’aborde pas les raisons des attaques terroristes en France. Mais l’objectif n’est pas là. Son objectif est de nous montrer l’humanisme et le léger héroïsme des différents acteurs de cette tragédie. Léger héroïsme car personne n’a joué au héros, la somme de toutes les actions ont été héroïques.
On peut déplorer de ne pas avoir un regard qui analyse l’inéluctabilité de cette tragédie, on peut aussi regretter que la parole ne soit pas donné aux morts. Le point de vue des réalisateurs leur appartient. En retraçant chronologiquement, minutieusement le déroulé de cette nuit tragique dans un ping pong de témoignages en ricochets, ils nous entraînent sans voyeurisme au coeur de l'horreur, pour un travail de mémoire.
Le documentaire m’a aussi rappelé le discours de Donal Trump devant la NRA. Le fou qui sert de président aux américains mimaient l’attaque du Bataclan disant que si le port d’armes était généralisé en France, les choses ne se seraient sûrement pas passé de la même façon et qu’un héros se serait sûrement levé pour faire justice et abattre les assaillants. Trump qui assure qu’il aurait agi face au tueur de masse du Lycée de Parkland, l’aurait assurément fait. Personnellement, je ne pense que la légalisation des armes à feu en France aurait changé quoi que ce soit. Même, il y aurait plus d’armes en circulation en France, je pense que les attaques seraient plus nombreuses encore.
Alors on peut toujours mieux faire mais 13 novembre : fluctuat nec mergitur est un documentaire abouti sur le déroulé des évènements qui glacent le sang d’effroi à de nombreuses reprises. J’ai pleuré de nombreuses fois en entendant les réactions des témoins et des secours.
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Créée
le 8 juin 2018
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