My tape

J'ai sûrement commencé cette série au meilleur moment possible... ou au pire. Question de point de vue. Ce qui est sûr c'est que j'ai été touché de plein fouet par la force de cette série qui met 3 épisodes à se lancer et à exprimer sa pleine mesure.

Je venais de quitter ma copine avec qui j'étais depuis peu de temps, juste quelques mois, mais qui m'aimait déjà beaucoup. Trop sûrement comparé à l'amour que j'étais en capacité de donner. Les regrets m'envahissaient surtout parce qu'elle en souffrait beaucoup et qu'elle se sentait seule. J'étais un des seuls repères qu'elle avait et j'étais inquiet pour elle.

Bref, je me lançais dans cette série "Thirteen Reasons Why" dans l'espoir de me vider la tête, de ne plus penser à cette relation. Les premiers épisodes posent le cadre, délimitent le territoire: une série sur les ados, dans des lieux pour ados et avec des histoires d'ados. Cela faisait très teenagers mais bon je n'avais pas réellement besoin de réfléchir, je le faisais déjà assez.

Les personnages sont d'une simplicité extrême: Clay Jensen, le coincé du lycée mais que tout le monde apprécie sans vraiment le côtoyer, Hannah Baker la jolie nouvelle qui a du mal à s'intégrer, Justin Foley le beau gosse sportif qui plaît à tout le monde. Et tout le reste des clichés que l'on connait sur les jeunes. Mais ces clichés sont plutôt vrais et c'est bien là, la force de cette série: chacun s'identifie, pas forcément à un personnage, mais au contexte, aux situations qui sont décrites. Je me suis donc laissé aller au suspens haletant, au rythme effréné et aux musiques entrainantes.

Cette oeuvre cherche à interroger les téléspectateurs sur la dangerosité d'une vie scolaire impitoyable où les adolescents sont souvent seuls, malgré la présence de nombreuses personnes. Elle cherche à interroger sur la dureté de la vie d'un adolescent confronté au harcèlement, aux rumeurs et même au viol. Elle cherche aussi à souligner à quel point un jeune adulte est capable de se donner la mort car son existence n'est plus vivable. Mais cette série passe également de l'autre côté de la barrière, de celle des jeunes qui persécutent et font du mal aux autres. Les comportements de tous les individus sont remis en cause, leurs choix ainsi que leurs actions sont critiqués par les autres mais aussi par eux-mêmes. Que se serait-il passé si je n'avais pas fait ça ? Ou si je l'avais fait ? Se serait-elle suicidée ? Eternels remords... C'est une série à la fois sur le suicide, le viol, le harcèlement et l'isolement que sur les relations avec les autres, l'amour, l'entraide et le soutien.

Les remords c'est ce que la série m'a permis d'éviter. Sans tourner au drame qu'un suicide peut provoquer, les 13 épisodes d'une durée de 50 minutes permettent de voir différemment les relations que l'on entretient avec les autres. De voir tous les petites actions que nous pouvons réaliser pour aider, améliorer la vie de ceux qui nous entourent. Il faut réussir à dépasser cette question stupide et insensée de: "c'est une bonne raison pour se suicider" ou "ce n'est pas assez". Le suicide est l'addition d'un ensemble d'évènements qui amène au désespoir. Il n'y pas de raisons assez fortes ou trop faibles pour se suicider, chaque individu est maître de ses actes et est en capacité de juger ce qu'il peut endurer. Par contre, nous avons un devoir d'apporter cette petite aide, ce petit détail, ce petit soutien qui peut changer le cours d'une vie. La réelle réussite de cette série réside dans le fait qu'elle ne donne pas envie de se suicider mais de faire les efforts, chacun entre nous, pour aider son camarade. Alors qu'on pourrait croire qu'elle donnerait de mauvaises idées aux jeunes isolés, désespérés, elle procure un sentiment bien plus intense et optimiste: le désir farouche de s'entraider et prendre soin des autres.

J'ai surement fini cette saison aussi vite car j'avais besoin de conseils. C'était comme si l'auteur avait voulu me montrer tout ce que je ne devais pas faire avec cette fille que j'avais jeté. Comme si il m'avait dit "quelque soit le choix que tu fasses, tu dois être là pour elle". Comme si il m'avait montré qu'elle avait besoin de moi. Voici ma cassette.