Oublions un peu la poussière crayeuse des salles de classe, l’assommoir des dates et des archiducs aux prénoms improbables. 14, des armes et des mots propose des tranches de (vraie) vie sur fond d'Histoire.
Cette saga documentaire - ce n'est pas une fiction historique - emprunte un peu de mise en scène aux séries pour reconstituer des petits bouts du quotidien de quatorze personnes pendant la Grande Guerre. A cela s'ajoutent des extraits de lettres ou de journaux intimes et des images d'archives replaçant les événements dans leur contexte.
Conflit mondial, histoires mondiales. Jan Peter tente d'englober la "der des der" dans son entier, mais sous un angle inhabituel. Les destins qui s'entrecroisent sous nos yeux sont allemands, français, cosaques, anglais. On évoque la médecine, le sexe, le rationnement, le tango, la famine, le manque de tout, la propagande, les éléphants dans les champs (si, si). On s'éloigne souvent du front, on sort des tranchées pour suivre l'infirmière, le soldat devenu fou, le gamin qui rejoue les batailles des journaux avec ses soldats de plombs, l'ouvrière, l'amoureuse qui espère.
Le montage est excellent. Les document historiques se glissent entre deux séquences sans alourdir ou casser l'émotion. En brisant le quatrième mur, Jan Peter abolit le siècle qui nous sépare de ses protagonistes. Ils se tournent vers nous et nous chuchotent leur colère, leur peur, leur désespoir, leur lassitude.
C'est humain, c'est touchant, émouvant et criant de vérité.