Voir la série

Cette période du début des années 90 constitue un tournant dans la vie politique italienne. Vie politique au sens large : l'opération manipulite, l'impression d'un tous pourris, la mafia qui continue de manipuler, l'abrutissement des télés privées, la peoplisation des businessmen... Tournée avec un recul de plus de 20 ans, cette série porte un regard très noir sur cette période.


Commençons par ce qui fâche : tout ceci est parfois tourné avec des airs de soap opera, genre mauvais téléfilm. Heureusement, ce n'est pas une constante, la troisième saison, notamment, monte en exigence. Ajoutons qu'il y a parfois un male gaze un peu trop lourdaud sur les actrices, idéal pour se rincer l'oeil, mais quand même gênant. Par ailleurs, ce sentiment un peu diffus que, "oui, tous pourris" que semble vouloir dire la série, peut s'avérer un peu démobilisant.


Malgré tout, avec cette série chorale, on ne s'ennuie jamais. On peut faire face à trop de coïncidences parfois, trop de facilités scénaristiques, mais, nous faire passer du pôle mani pulite à une agence de pub, du sérail de Berlusconi au parlement italien, puis, les journalistes, la télé poubelle etc, ça fonctionne bien. Et ça nous permet aussi de voir les impacts des groupes sur les autres. On s'attache à des personnage qui finalement nous déçoivent. Pietro Bosco est particulièrement notable : homme du peuple mal dégrossi qui se démène avec son père mal aimant, qui devient député de ligue du nord, mais qui essaye de faire des choses bien, tout en faisant également des choses mal, très mal. On n'a pas envie de le détester, mais on n'a pas le droit de l'aimer : comme les autres, il s'accroche au pouvoir, comme les autres, il est toxique.


Et puis, surtout, je ne suis pas un historien très précis de l'Europe, mais cette démagogie anti-immigration (ici, c'est même le sud de l'Italie) / pro-business, ces alliances sensées se fonder sur la fin de la corruption, et qui sont évidemment tout le contraire, n'annoncent-elles pas tout ce qui est en train de se passer partout en Europe, aux Etats-Unis ? Une politique marketée avant d'être une politique de conviction, une politique au service d'une oligarchie avant d'être au service du peuple ? Et cette série est lucide là-dessus : le pouvoir, l'argent, le sexe, grise quasiment tout le monde, achète quasiment toutes les âmes.


On n'a pas de quoi être optimiste. Je vais aller dans le Larzac... Le problème, c'est que ma femme voudra jamais...

John-Peltier
7
Écrit par

Créée

le 1 mars 2025

Critique lue 2 fois

John Peltier

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur 1992 - 1993 - 1994

1992 - 1993 - 1994
Yoda_le_Vrai
9

L'invention du populisme moderne, Trump héritier de Berlusconi.

Cette série de 10 épisode de 50 mn, initié à la base par Stefano Accorsi, suit la période dite "Manu Pulite" (Mains Propres), qui a vu tout le corps politique Italien s’effondrer en quelques mois...

le 9 sept. 2016

4 j'aime

1992 - 1993 - 1994
TonPote__
7

Que les séries françaises prennent exemple

Si la fiction française avait un peu de c***lles, elle livrerait des séries faisant l'examen de conscience de leur pays comme le fait l'Italie depuis quelques années. Dans l'ombre de la plus violente...

le 2 mai 2017

3 j'aime

2

1992 - 1993 - 1994
Eric31
8

Critique de 1992 - 1993 - 1994 par Eric31

1992 est est une excellente série Italienne créé par Alessandro Fabbri, Ludovica Rampoldi et Stefano Sardo sur une idée originale de Stefano Accorsi... qui met en scéne l'opération « mani pulite »...

le 1 oct. 2015

2 j'aime

Du même critique

The Downward Spiral
John-Peltier
8

Le suicide en un album - acte II

Parce que l'essentiel c'est les 3 points. Pourquoi écouter cet album : 1/ C'est album majeur des années 90, à la fois précurseur, expérimentateur, mais aussi, dans une certaine limite, grand public...

le 15 juil. 2021

8 j'aime

Total Trax
John-Peltier
8

L'érudition au carrfour du cinéma et de la musique

Chez moi (et pourtant on est un peu), je suis le seul à éprouver de l'intérêt pour la musique de film. Il devient alors difficile pour moi d'écouter des podcasts de 3 heures sur de la musique un peu...

le 17 août 2021

7 j'aime

3

We're OK. But We're Lost Anyway
John-Peltier
8

Progressif et surréaliste (mais pas que)

Voilà.A force d'écouter des albums, vieux, pas vieux, on finit par découvrir des artistes qui t'offrent enfin un truc qui parle à ton coeur et ton intelligence.Orchestre tout puissant Marcel Duchamp,...

le 13 oct. 2022

5 j'aime

2