Cette série française nous replonge au début des années 80, au moment où une sorte de mini-ordinateur tout moche débarque de manière assez confidentielle dans quelques foyers français. Il faudra attendre quelques années plus tard pour qu’une bonne partie des français adopte véritablement ce mode communication d’un nouveau genre appelé Minitel et qui va en quelque sorte préfigurer l’internet des années 2000. Un objet qui va offrir tout un tas de nouveaux services dont les fameux 3615 (code qui n’en veut ?), ces services facturés à la minute qui vont remplir les caisses de l’Etat et et surtout enrichir ceux qui se sont lancés dans le business juteux du Minitel rose.
C’est à partir de cette petite page d’histoire de la télémétrique (comme on disait à l’époque), que les scénaristes Emmanuel Poulain-Arnaud et Armand Robin ont imaginé 10 épisodes de 20 minutes environ dans lesquels ils nous racontent la naissance chaotique d’une petite start-up (comme on ne disait pas à l’époque) montée par trois étudiants sans peur et sans reproche désireux de s’émanciper du joug parental pour financer leurs études, au moment où la France passe de Giscard à Mitterrand, annonçant un avenir plus radieux pour les jeunes et où tout semble alors possible.
La série surfe beaucoup sur cet optimisme à travers les trois personnages (un geek timide, un beau parleur et une jeune féministe) qui malgré les déboires et les coups durs tentent coute que coûte de faire prospérer leur petite entreprise.
Avec une reconstitution de l’époque plutôt soignée, où l’on roule en Solex et en GS, où l’on regarde à la télé l’émission Cartes sur table avec Elkabbach dans une France encore étriquée et paternaliste, où le sexe est encore tabou, cette série, présentée dans un format 4/3 comme au temps des postes à tube cathodique, se regarde gentiment et s’appréciera avant tout pour sa générosité, son rythme et le charisme de ses acteurs et avec un trio qui fonctionne plutôt bien grâce notamment à leur complémentarité et au charme de Noémie Schmidt repérée notamment dans le film Netflix, Paris est à nous en 2019.
À l’image de la série Hard diffusée dans les années 2010 sur Canal+ qui mettait en scène une famille bourgeoise se lançant dans l’industrie du porno, 3615 Monique propose une trame scénaristique assez classique… on pense aussi à Family Business qui fonctionnait un peu sur les mêmes ressorts, dans une veine plus déjantées.
Au-delà de son côté Madeleine de Proust, et du plaisir que l’on a à se replonger au début des années 80, la série manque peut-être un peu d’originalité dans sa construction avec des situations parfois un peu convenues ou répétitives. Pas suffisant en tout cas pour se priver de cette petite série drôle et burlesque qui se regardera en une ou deux fois… en attendant une éventuelle saison deux.
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