Vais-je encore commencer ma critique de cette excellente série OCS par un paragraphe mêlant admiration et digression un poil narcissique ?
C'est fort possible.
Mais sachez le, j'ai un putain de profond respect pour OCS.
Je crois que c'est la seule chaine premium pour laquelle j'ai accepté de lâcher quelques euros pour m'abonner, acte pas si courant au vu de ma situation financière d'étudiant précaire.
Le label "OCS Signature" est pour moi, un exemple du genre de ce que devrait être la production de séries en France.
Une liberté de ton, de la diversité dans les sujets abordés et surtout, une vraie prise de risque (qui hélas se traduit par un turn-over assez important), voila la recette qui me semble la plus diablement efficace pour produire les petites pépites, parfois imparfaites mais toujours rafraichissantes et réjouissantes que sont des séries comme Irresponsable, Hp, Vingt-Cinq, Lazy Company, Holly Weed.. ou 3615 Monique.
Et je n'ose imaginer ce que nous pourrions avoir comme productions de qualités si les chaines de télé traditionnelles françaises n'avaient qu'une once du courage dont fait preuve OCS.
Mais trêve de digression.
Alors, 3615 Monique, qu'est ce que c'est ?
Une série tournée en 10x25 min passionnante et audacieuse qui se consomme frénétiquement comme de délicieuses douceurs chocolatées typiquement noëleques (et dont on termine le paquet sans s'en rendre vraiment compte, snif) sur un sujet qui ne semble pourtant absolument pas bandant de prime abord.
On nous conte ici l'histoire de 3 étudiants que rien ne devait réunir et qui pourtant se lanceront dans l'incroyable aventure de l'érotisme numérique permise par la démocratisation dans les foyers français, en ces années 1980, de cette innovation nationale répondant au doux nom de Minitel.
L'arrivée de Stéphanie, jeune bourgeoise ambitieuse qui vient de rater Polytechnique et qui se retrouve à user les bancs de la fac publique, va magnétiquement attirer deux étudiants au profil profondément opposé, Toni le baratineur charismatique et Simon, l'intello (très) introverti et les pousser à se lancer avec elle dans la création d'un service de Minitel rose, le 3615 Monique.
Si cette aventure numérique est prétexte à narrer l'évolution des relations entre les trois acteurs (Noemie Schmidt, Paul Scarfoglio et Arthur Mazet, tous excellent avec une mention spéciale aux seconds rôles, notamment un Jean-Michel Lahmien prof d'université barré et flegmatique) alternant entre rivalité, tension sexuelle et vraie camaraderie, elle n'est pas qu'une trame de fond accessoire et cherche aussi à retranscrire l'atmosphère particulière de cette France giscardienne et des bouleversements sociétaux qu'a provoqué l'arrivée de cette innovation technologique au travers des yeux de ceux qui la vivent.
Si je devais me risquer à une comparaison, et qui je pense, a du venir à l'esprit de beaucoup de sériphiles avertis, 3615 Monique m'a réellement fait penser à une "Silicon Valley" à la sauce française (tant dans l'esprit que dans la narration).
Je ne peux que donc vous recommander de laisser une chance à cette petite série qui par son dynamisme, son humour détonnant et son excellent casting, raconte avec une grande fraicheur et beaucoup d'humanité ce pan de l'histoire technologique française.
(Et n’hésitez pas à jeter un œil aux autres séries made in OCS, croyez moi, elles valent vraiment le détour).