J'ai toujours eu un faible pour la télévision qui parle de la télévision. C'est au fond, un exercice d'autocritique, certes risqué, mais qui peut, si il est réussi, être savoureux et intéressant à regarder.
Dans la veine de The Newsroom (et dans une moindre mesure, de la plus ancienne Sports Night) Blunt Talk nous plonge dans la vie d'animateur télé sur le déclin de Walter Blunt, britannique excentrique, perdu aux Etats-Unis ayant une fâcheuse obsession avec la guerre des malouines. Et bien évidement, il va essayer de changer tout ça et de redevenir l'animateur vedette qu'il a toujours été (ou voulu être, à voir).
En somme, rien de très novateur sur le fond.
Mais, et c'est en cela que les choses sont bien faites, ce n'est pas le fond qui est réellement intéressant. L'histoire est plus un prétexte pour regarder le très bon Patrick Stewart évoluer dans ce monde qui semble le dépasser, avec le flegme, l'authenticité et l'originalité toute propre à nos amis britanniques, accompagné par son fidèle, dévoué et au combien précieux "domestique", Adrian Scarborough alias "Harry".
Le contraste du vieux présentateur dépassé pourtant obligé de vivre dans un monde trop rapide pour lui et qui tente de s'accrocher est évidement le moteur principal de cette série. C'est un exercice de genre qui repose en grande partie sur le personnage central et sur les talents de l'acteur qui l'incarne. Les personnages secondaires (même l'excellent Adrian Scarborough) ne sont que des faire-valoirs qui ne sont quasiment là que pour interagir avec Walter Blunt. Il n'y aura à mon avis que très très peu (ou pas) d'arcs secondaires, même si chaque personnage est suffisamment bien écrit pour être attachant et pour entretenir l'intrigue de la série.
Si je devais me risquer à un parallèle, en terme narratif, c'est un peu l'esprit d'un Californication (version un peu plus âgée et beaucoup plus anglaise, il est vrai). Tout tourne autour d'un seul acteur, et il est au centre de tout.
Pour conclure rapidement, je suis partagé concernant Blunt Talk.
Autant, je trouve que le monde télévisuel, même si il est bien pratique pour créer des situations à problèmes, et son traitement ne sont qu'un prétexte, qui aurait pu être remplacé par beaucoup de chose, autant je prends plaisir à regarder Patrick Stewart faire le show, avec une énergie et un humour acide rafraichissant.
Ça reste, du coup, un parti-pris à double tranchant. Si on aime le jeu d'acteur, on va en avoir pour son argent, mais à l'inverse, on peut passer son chemin, ça risque d'être comme ça tout le long de la série.