Au premier degré, on ne voit bien sûr qu'un déballage racoleur et exhibitionniste au cours d'épisodes courts et sans transition, "balanc[és] direct (sic) [...] sur facebook".
En tête à tête avec le spectateur, c'est "Fantille, comme une petite fente, avec un A, c'est [s]on prénom", là pour "pour pécho", passant d'une scène Freudienne à une autre (de la courgette de la célibataire, au gros plan sur le gobage de Flamby, en passant par des commentaires sur un film pornographique), et cherchant à émoustiller le spectateur (préparatifs pour coucher le premier soir, grosse bouteille d'alcool pour faire passer la pilule, maquillage et gros plan sur les lèvres rouges, tarifs de prostituée, plan d'une seconde sur la jaquette illustrée d'un DVD "porno féministe" [1], dégustation bruyante d'un carambar au lit, position lascive, confidence et mime du surfeur breton durant l'acte, mini-jupe, ajustement du débardeur porté sans soutien gorge, essuyage de bouillie sur la vitre avec ses seins, explosion d'œufs sur son débardeur, décolleté plongeant [2], gémissements la bouche pleine de petits beurres [3], petite culotte rose inspectée puis glissée dans le pantalon, plan ciné sur le jean serré [4], sous-entendu sur les vidéos libido [5], alcool pour se désinhiber, simulations d'orgasme).
Réfléchissons un peu : le choix de la diffusion sur Facebook n'est pas anodin, il est au contraire révélateur du message véhiculé : c'est le réseau social par excellence, gouffre sans fond pour votre temps, mur où vos messages s'accumulent... et où vos amis viennent pourtant les lire et y répondre !
Fantille déballe une vie "chiant[e] et anxiogène", ce qui permet au spectateur de s'identifier à l'héroïne. Tous les jours, à 19h01, il est temps d'appuyer sur F5 pour "actualiser" la page Facebook de la demoiselle, mignonne s'il en est. 19h01, c'est aussi le moment de réfléchir lorsqu'on appuie sur le bouton : pourquoi cette dépendance qui s'installe ? Pourquoi cette envie de voir ce qui est si ridicule et dénué d'intérêt ? Pourquoi continuer à perdre son temps ? Alors, "60 secondes", miroir qui donne matière à réflexion ? "Cyber-thérapie [...] pour s'offrir un peu de recul"... pour l'héroïne... ou pour le spectateur ?
PS : Va-t-on voir passer la série en langue allemande ? Après tout, les allemands suivent la série en français sous-titré en allemand depuis le début. "Je me sens bizarre", et demain, Fantille, tu te sentiras encore "komisch" ?
PPS : Le dernier épisode propose plein de "oh oui", de quoi tenir le spectateur en haleine jusqu'à la prochaine saison ? Je ne m'étais peut-être pas trompé.
Addendum :
[1] épisode "La fouille" : passage de 0:26 à 0:28 (interdit aux mineurs).
[2] épisode "Talent caché" : passage de 0:16 à 0:21 pour un aperçu...
[3] épisode "Challenge accepted" : passage de 0:25 à 0:59.
[4] épisode "Pomme P" : 28ème seconde.
[5] épisode "Le linuxien au téléphone".
PPPS : Les numéros des épisodes que j'ai préférés : 0 bis, 2, 4 6, 10, 12, 14, 23, 29, 30, 31, 32, 34, 43, 47, 48, 50, 62, 70, 73, 75, 77 (pour l'effet de surprise).