7 Seeds 2 par Skidda

Si vous êtes devenu récemment amateur de mangas/animes, sans doute n’avez-vous jamais entendu parler de 7 Seeds. Ce dernier avait obtenu une sacré réputation en tant que manga après ses débuts (parution entre 2001-2017), au point d’être révéré comme un classique par une communauté restreinte et très vocale. Même en dehors de son lectorat, 7 Seeds est devenu avec le bouche à oreille une oeuvre respectée, la preuve ultime que les mangas ‘pour filles’ pouvaient briller dans les genres habituellement réservés aux magazines ‘shounen’.

Cette oeuvre sci-fi, remplie d’aventures, de drames et de suspens, a fini par recevoir une adaptation animée en 2019, ainsi qu’une deuxième saison en 2020, sous l’égide de Netflix et la direction du studio Gonzo. L’anime 7 Seeds a acquis lui aussi une réputation, mais peu enviable et qui peut se résumer en un mot : « médiocre ».

Cela pourrait paraître étrange vu les prémices excitantes de l’oeuvre : plusieurs groupes de personnes qui ne se connaissent pas se réveillent soudainement en plein milieu d’un environnement inconnu, mystérieux et dangereux dans lequel ils vont devoir survivre.

Pourtant, la réception diamétralement opposée à l’original peut facilement s’expliquer. En effet, la première saison a voulu adapter environ la première moitié de l’histoire, ce qui a conduit à tronçonner, dans un rire maniaque, 16 tomes (sur 35 au total) pour les insérer dans 12 épisodes. Même sans avoir lu le manga, il est difficile de ne pas être perturbé par le rythme effréné des premiers épisodes, qui jonglent constamment entre plusieurs groupes de personnages, avancent brusquement l’histoire principale sans vraiment s’appesantir sur les différents protagonistes, ni sur l’impact qu’ont les développements de l’intrigue sur eux.

La narration est très brouillonne, avec en plus des groupes qui se scindent fréquemment pour s’éparpiller à gauche à droite. Heureusement l’histoire en elle-même demeure fort simple, et la voir progresser constamment donne une certaine satisfaction et un enclin à enchaîner les épisodes. 7 Seeds montre aussi des moments forts quand il prend enfin le temps d’exposer convenablement certains chapitres, en particulier les flashbacks qui en plus d’être forts lugubres montrent toute l’intensité dont la série est capable.

Autre bon point, j’ai trouvé la plupart des protagonistes intéressants et on finirait même par s’attacher à eux au bout d’un moment. Natsu, l’héroïne shoujo typique fragile, maladroite et indécise, ne séduit pas vraiment durant la première saison mais heureusement, cette première partie se concentre bien plus sur Hana, beaucoup plus indépendante et plus sympathique à suivre il faut bien le dire.

Cependant, même s’il est possible de trouver des mérites à l’anime 7 Seeds grâce aux forces inhérentes du manga, l’adaptation hérite également de ses faiblesses. Malgré toutes les louanges entendues à son sujet, je dois bien avouer que cela n’empêche pas une écriture (et je ne parle pas du dessin de certaines cadres) d’être parfois maladroite. En plus de la répétition de certaines situations, je pense à la manière plus d’une fois loufoque dont les personnages se sortent de scènes périlleuses.

Le coup de grâce qui vient achever tout l’enthousiasme potentiel envers la première saison est la fin du 12e épisode qui n’offre aucune conclusion et se termine très brutalement. Fort heureusement à l’heure actuelle, une deuxième saison diffusée en 2020 a poursuivi la trame de 7 Seeds.

Si je mentionne séparément cette continuation, c’est parce qu’elle se différencie fortement avec son prédécesseur. L’une des raisons est son rythme beaucoup plus posé. Ce changement a de quoi perturber, car la trame n’avance plus aussi vite durant ces nouveaux 12 épisodes, et paradoxalement, le spectateur enchaînant les deux saisons pourra leur trouver une allure trop lente alors que plus fidèle à l’original.

Néanmoins, il me semble indéniable que 7 Seeds gagne beaucoup à raconter son histoire avec patience : plus d’introspection, des dialogues plus élégants, et un arc narratif plus restreint ainsi que des perspectives moins nombreuses qui permettent des développements réussis pour plusieurs membres de l’équipée.

En étant moins braqué sur l’essentiel, sur la survie dans un monde post-apocalyptique, l’anime se permet aussi d’être plus optimiste, il y a même des choix d’adaptation délibérés parfois bizarres par ailleurs, comme la présence de musiques positives durant des moments peu encourageants.

Cette composition plus allégée, mieux aérée, du récit m’a permis de réellement apprécier le principal charme de l’oeuvre, trop longtemps masqué par son rythme expéditif : 7 Seeds n’est pas juste une aventure sérieuse sur la survie des protagonistes, mais aussi un conte sur la perception de la vie face à la mort, et la recherche du sens de son existence dans le monde.

C’est avec une grande déception qu’il faut donc se séparer après 24 épisodes sans véritable fin, alors qu’il commençait à réaliser tout son potentiel et était enfin devenu ce qu’il aurait toujours dû être. Au moins en ce qui me concerne, l’amertume est compensé par un sentiment de rédemption après un début orageux ; 7 Seeds est bien un nom qui valait la peine d’être retenu, et vaudra la peine d’être poursuivi sous une forme ou l’autre.