Agents of SSR

Avec seulement un film et un court-métrage à son actif, le partie vintage de l'Univers Cinématographique Marvel était très sous-exploitée ; à part quelques références ici et là, on n'en connaissait pas grand chose. Ce n'était pas faute d'avoir des personnages originaux et attachants tels que Dum Dum Dugan ou Howard Stark, le tout évoluant dans un environnement coloré et passablement délirant.

Cette mini-série (qui pour l'instant ne comporte qu'une seule saison) propose de remplir ce devoir, et elle s'en sort vraiment bien.

Avant d'aller plus loin, il faut rappeler que l'univers Marvel tend avant tout vers le divertissement, qu'il vise le public le plus étendu possible. Ce n'est pas un univers qui cherche à surintellectualiser ou à être réaliste. Ensuite, il faut garder à l'esprit que tout comme pour Agents of Shield, le budget est ici assez limité : la réalisation ne casse pas des briques, tout repose sur les décors, les costumes et (surtout) sur les acteurs.

Bref, cette série exploite donc des personnages tels qu'Howard Stark (sorte de Tony Stark vintage), stéréotype du play-boy des 40's aux airs de James Bond (Dominic Cooper est excellent dans ce genre de rôles) et Edwin Jarvis, majordome zélé dévoué à son maître ayant inspiré le fameux Just A Rather Very Intelligent System, personnage très attachant campé par un James D'Arcy au top de sa forme (que j'ai suivi parallèlement dans la saison 2 de Broadchurch), dans un monde rempli de vétérans de la WW2, le tout sur fond de guerre froide.

C'est aussi une série très féministe, mais sans excès, car en effet à l'époque le statut des femmes et le mode de vie qu'on leur imposait était franchement discutable.

Au milieu de tout ça on a toutes ces petites touches d'humanité qui font que j'aime bien les films Captain America (à l'opposé des Iron Man) : des dialogues sur le plafonnement social, sur la déontologie, sur le patriotisme, sur le bien et le mal.

Ça m'a aussi fait plaisir de retrouver Shea Whigham, toujours aussi bon ; mais j'ai été déçu que Ray Wise n'ait été là que pour la déco.

Il aurait aussi été bien de ne pas en faire autant avec la libido d'Howard Stark ; ça rend le personnage bien trop exagéré et irréaliste, et pour une série féministe, voir un type enchaîner les conquêtes de façon aussi aberrante, réduisant les femmes à des morceaux de viande sans cervelle plus encore que dans les conneries contemporaines, à une époque où les mœurs sont censées être très bridées... C'est très hypocrite, et c'est surement le défaut majeur de la série. On se serait contenté d'un type qui flirte beaucoup et qui a du succès auprès de la gent féminine, mais là c'est juste trop, et c'est n'importe quoi.

Un autre souci : On est à New-York, en 1946, et il n'y a AUCUNE CLOPE dans toute la série. Même dans les bars, les mecs mangent des cacahuètes (?!) avec leur whisky sur fond de jazz. À un moment Dum Dum Dugan veut allumer un de ses fameux cigares, que le personnage principal s'empresse de lui retirer pour le jeter. Wtf people ?! On peut ne pas faire l'apologie excessive du tabac mais y'a des limites !

Enfin bon, dans l'ensemble c'est une série honnête avec le spectateur, qui fait son boulot, qui ne se prend pas trop au sérieux et s'assume dans ses clichés et ses exagérations (qui au passage sont excusables). Sans être révolutionnaire, c'est une série sympathique, à l'image d'Agents of Shield (où on doit s'accrocher pendant une bonne partie de la première saison) ou de Gotham (DC, je sais). Ce sont des séries qui n'ont rien à voir avec les bouses formatées pour la "jeunesse américaine post-2000" telles que Smallville, Arrow ou Flash. On est dans des trucs geek légèrement familiaux.

Et le petit coté stempunk/dieselpunk sur les bords n'est pas pour me déplaire ; c'est quelque-chose de bien rare. et encore plus à la télévision.

Marvel prouve encore une fois que s'il y a bien une chose qu'ils ne foirent pas, c'est la cohérence d'un univers très étendu, disparate, schizophrène et capillotracté. Avec encore un paquet de mini-séries prévues avec Netflix, l’ensemble des séries Marvel n’interagirons finalement pas toutes entre elles (enfin, on sait jamais), mais la prouesse que constitue cette cohérence entre des séries et des films tous si différents reste remarquable.

Si la série est, espérons-le, renouvelée, l'idée de la voir occuper les poses hivernales d'Agents of Shield est très plaisante.

Edit : La saison 2 précédent l'annulation ne conclut pas la série de façon appropriée.