Après le fiasco pour teenagers nommé Marvel Agents of S.H.I.E.L.D., j'étais partagé entre l'expectative d'une nouvelle série Marvel, et la crainte d'une déception de plus (les seules adaptations de comics à l'écran qui m'ont convaincu ces dernières années étant Arrow et Flash).
Et voilà que Marvel décide de donner sa propre série au personnage de Peggy Carter, créé (pour l'écran, car existant de longue date dans les comics) dans le premier film de la franchise Captain America.
Il faut dire qu'un premier essai, un one-shot d'une quinzaine de minutes, avait remporté un certain succès d'estime et apparemment montré la viabilité du personnage et de sa pulpeuse actrice dans le rôle-titre.
La série ne démarre pas du tout dans la lignée du one-shot, qui pour le coup devra être considéré comme non canonique. Le postulat en est simple : Peggy Carter, femme d'action ayant combattu aux côtés de Captain America et d'Howard Stark, et ayant eu une liaison avec Cap alias Steve Rogers avant la mort présumée de celui-ci, se trouve après la guerre reléguée aux tâches "féminines" du service de contre-espionnage S.S.R. (ancêtre du S.H.I.E.L.D. ?). Malgré ses compétences et toute sa bonne volonté, on la cantonne à la paperasse, au téléphone et à la préparation du café. Heureusement pour cette femme pour le moins exceptionnelle en 1946, Howard Stark, soupçonné de trahison, va la joindre pour lui demander d'enquêter sur le vol de certaines de ses inventions les plus dangereuses, et mettra à sa disposition son fidèle majordome Jarvis pour l'aider dans ses investigations.
Ce pitch assez simple n'aurait aucune chance de fonctionner dans un contexte contemporain. Mais voilà : l'action se situe dans l'Amérique d'après-guerre, avec toutes les difficultés que cela peut poser à l'héroïne, et toute l'imagerie que cela peut nous évoquer. On nage entre Indiana Jones et Rocketeer, entre Bogart et The Spirit mâtiné d'un brin de Doc Savage ou de The Shadow (qui ont d'ailleurs été des inspirations directes pour Indy). Tout semble possible, l'aventure parait nous attendre à chaque coin de rue, et il ne faut pas être surpris si elle nous apparait soudain sous la forme d'une femme fatale telle Hayley Atwell, dont la plastique n'est pas sans évoquer les pin-ups de cette période !
Tout est fait pour créer cette ambiance à la fois "action-packed" et glamour : une photographie très contrastée, riche en couleurs sombres, un décor à la fois réaliste et évocateur de comics, résolument moderne et pourtant reprenant certains codes des vieux polars.
Mais cela ne suffirait pas en soi à faire une bonne série. Contrairement à ses cousins d'Agents, Carter est desservi par des acteurs charismatiques, auxquels on confie des rôles assez crédibles, et relativement matures pour une simple série de divertissement. Oui, ça reste léger, mais ce n'est pas bébête et surtout le public recherché n'est pas de toute évidence adolescent. Le fait que le focus soit sur deux personnages principaux, les autres étant certes importants mais néanmoins en toile de fond (et sacrifiables, Game of Thrones est passé par là...) permet de mieux les développer, de leur donner un semblant de profondeur.
Ne nous leurrons pas. Il ne s'agit là, je le répète, que d'un divertissement. Et les ficelles scénaristiques sont parfois un peu grosses. Mais le coup de génie est que, non seulement dans l'ensemble ça tient assez bien la route, mais surtout qu'on a tendance à les pardonner, car l'actrice est une bona... euh, je voulais dire, parce que la série parvient, malgré des passages assez sombres ou violents, à conserver un ton assez léger. Et glamour, l'ai-je déjà mentionné ?
Donc, si vous voulez vous changer les idées sans vous abrutir, si vous êtes un nostalgique de Raiders of the Lost Ark (premier volet de ce qui restera à jamais une trilogie...) et si vous aimez les belles carrosseries à l'ancienne (je parle des voitures hein) venez voir l'Agent Carter, vous y trouverez tous les ingrédients pour passer quelques heures agréables (et glamour) pleines d'aventure et d'émotions.