La réflexion sur le transhumanisme n'est peut-être pas aussi fine que dans d'autres oeuvres cyberpunk, en premier lieu Blade Runner et Ghost in the Shell, mais reste intéressante. Celle-ci gravite autour de la mort, l'identité et l'immortalité, où le seul moyen d'obtenir une Vraie Mort est de détruire la "pile" d'un individu à la base du cou qui stocke sa conscience et sa mémoire, et qu'on peut transplanter dans des corps tous neufs si l'ancien vient à claquer. Avec tout les abus que ça peut entrainer.
On retiendra de cette première saison une intrigue passionnante dans un univers prenant avec des décors et des costumes magnifiques. Les personnages sont attachants et bien interprétés. Mais bien que très divertissante, la série n'est pas parfaite, tant dans son adaptation que dans son exécution.
J'ai lu le roman après la série, et si certains choix d'adaptations sont parfaitement justifiés ou réussis —la sous-intrigue autour du fils de Bancroft, Poe, la famille Ortega...— d'autres laissent vraiment à désirer —la relation entre Kovacs et Falconer, ou avec l'antagoniste, Lizzie...—. L'histoire est du coup un peu faible sur certains points —la lutte et les capacités des Diplos, l'évolution de Lizzie, l'utilité et les limites des corps synthétiques, entre autres—. D'autres éléments sont maladroits : certains retournements de situations un peu trop prévisibles, certains dialogues pas terribles, la doctrine mystico-bullshit de Falconer sur certains points, etc.
Quant à l'exécution de sa série, elle est assez inégale et surtout manque de cohérence. Chaque réalisateur fait sa sauce avec plus ou moins de succès, et le ressenti peut changer très régulièrement. Heureusement que les visuels très forts arrivent à maintenir son identité. La réalisation s'échelonne du correct au pas terrible en passant par le passe-partout et l'inutilement maniéré. C'est rarement mauvais heureusement. On a donc parfois droit à des scènes très bien fichues mais parfois aussi à des clichés vus et revus. Je repense par exemple à une course poursuite à pied où deux personnages arrivent à bousculer une demi-douzaine de personnes dans une rue pourtant plutôt dégagée.
Bref, dans un monde où la production des séries devient toujours plus léchée (du moins pour les plus "premium" d'entre elles), Altered Carbon est finalement moyen, sans être mauvais non plus. Mais l'histoire est suffisamment prenante, l'univers suffisamment beau et les personnages suffisamment attachants pour que l'ensemble fonctionne. Si vous êtes en manque de cyberpunk, la série vaut le détour.