Entre scénario génial, et animation allant du mieux au pire.

La grande tragédie de Doctor Who, c'est son grand âge. Parce qu'à l'époque, la BBC recyclait ses anciennes bandes, un grand nombre d'épisodes ont été perdus. Certaines copies ont été retrouvées, tandis que d'autres sont toujours perdues pour le plus grand nombre. Des épisodes quelconque, mais également des pépites, ou des charnières. Power of the Dalek en fait parti. Cet épisode appartient à l'Histoire de Doctor Who. Pourquoi ? Parce qu'il était le premier épisode interprété par un nouveau Docteur, le brillantissime Patrick Throughton. Cet épisode était celui qui devait charmer le spectateur, choqué et déçu de la perte de son acteur fétiche, un véritable symbole de la série : William Hartnell. Ainsi, il n'y avait rien de mieux que d'utiliser le monstre phare de Doctor Who, les Daleks, pour introduire celui qui tiendrait le rôle pendant plusieurs années.
Si la perte de cet épisode est une tragédie, nous pouvons saluer l'effort des fans, et de la BBC, pour proposer une version en animation. Celle-ci permet de voir enfin l'histoire en mouvement, et non plus à travers les photogrammes figés qui, jusqu'ici, se sont avérés la seule solution pour visionner les épisodes.


L'histoire est excellente. Bien entendu, on garde le rythme des épisodes des années 60. Beaucoup de blabla pour peu d'action. Mais l'intrigue est parfaitement ficelée entre les tensions internes de cette colonie humaine, et la découverte de ces étranges "robots" que seul le Docteur reconnait comme étant les terribles Daleks. La force de cet épisode est qu'à chacune des parties, le statut-quo change. Que ce soit pour le Docteur, les colons, ou les Daleks. Le pouvoir passe entre différentes mains et ventouses, et au final, c'est l'ambition et la vanité humaine qui conduit cette colonie, et nombreux de ses occupants à la perdition.
Si le personnage du Docteur est fidèle à lui-même, nous voyons qu'il est encore en plein ajustement quand à sa nouvelle persona. Fini l'acariâtre papy plein de droiture qu'était William Hartnell. Patrick Throughton incarne un Docteur fantasque et imprévisible, mais déjà incroyablement manipulateur. Ses compagnons, Ben et Polly, font le lien entre deux époques. Tout comme le spectateur, les deux sont perplexes devant cet homme qui était leur ami, et est devenu une toute autre personne. Hormis cela, leur importance s'avère limitée, n'étant là que pour jouer le rôle de question-réponse avec le Docteur. Oui, le compagnon est toujours dans ce rôle de lien entre ce qui se passe à l'écran, et la compréhension du spectateur.
La colonie humaine est ponctuée de nombreux personnages fort, dont le titre et l'importance marque suffisamment les esprits pour que nous sachons à qui nous avons à faire. Chacun y va de ses propres manipulations, se laissant aller à la trahison qu'elle soit infligée ou vécue. Jusqu'au bout, il est difficile de savoir qui se trouve dans le bon camp, tant le pouvoir passe de main en main à chaque nouvelle partie. Mention honorable au professeur Lesterson, dont "l'évolution" psychologique s'avère brutale, marquante, et évidente.


Enfin, les Daleks. A cette époque, ces derniers se sont toujours révélés comme capables de fomenter des plans machiavéliques sans pareil. La différence ici est que ces Daleks se retrouvent en position de faiblesse. Plutôt que d'utiliser leur armement, c'est leur intelligence qu'ils mettent à l'épreuve, ainsi que leurs talents de manipulateurs. Le résultat se veut terrifiant, les créatures parviennent à s'immiscer petit à petit dans la politique de la colonie, jusqu'à en obtenir un contrôle malsain, et toujours dissimulé. Seul le Doctor n'est pas dupe, et c'est un véritable combat de réflexion qui oppose le héros à ses ennemis de toujours. Chacun d'eux ne peut s'en prendre directement à l'autre, réduisant chacun d'eux à prendre un ascendant de pouvoir sur l'autre. Oui, c'est un tout autre combat qui a lieu ici. Loin des combats armés, ou des fuites perpétuelles, c'est un véritable combat d'échec qui oppose le Docteur et les Daleks.


Enfin, parlons du résultat visuel. Sincèrement, autant le résultat de la planête Vulcan est honnête, autant l'animation des Daleks est parfaite, je dois dire que l'animation des humains est très passable. On dirait vraiment que les animateurs ont joué toutes leurs cartes sur l'animation de l'ennemi, sans se préoccuper du reste. Résultat : des personnages très statiques, avec très peu de variations de plans ou d'angles de vues. Le moindre mouvement autre que marcher, tendre un bras ou parler semble une impossibilité physique pour ces pauvres personnages d'animation. Au point où lorsqu'un personne décède, son corps s'immobilise, et s'écroule, sans aucune réaction particulière (pour être honnête, un seul personnage lambda est éjecté face à un tir, ça m'a marqué au point que je le remarque de suite). Ainsi, lorsqu'on voit la qualité de mouvement des Daleks, on ne peut que ressentir un sentiment d'incomplétude en observant les nombreuses interactions humaines. J'ignore la réalité de développement de ces animations, peut-être ont-ils leurs raisons, leur parti-pris, mais quand même, ça reste frustrant.


Mais dans tous les cas, Power of the Dalek reste un épisode en six parties qui se délecte du début à la fin, et qui marque un nouveau point de départ pour le Docteur et ses amis.

Gzaltan
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le 5 févr. 2018

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