Au clair de L'un

Quatrième production super héroïque de l'alliance prometteuse entre Marvel Television et Neflix, Marvel's Iron Fist donnait particulièrement envie, comme les autres séries, en proposant de suivre un héros urbain, peu connu et pourtant extrêmement apprécié chez les lecteurs de comics. Bashée avant sa sortie sur le petit écran, se faisant traiter de série médiocre, la série souffrait déjà d'un retour négatif avant même que les spectateurs puissent la voir.

Et il faut dire qu'après les deux premiers épisodes visionnés, il y avait de quoi avoir un peu peur. A contrario d'un Luke Cage ou d'un Jessica Jones, deux séries souffrant de longueurs au fur et à mesure de l'avancement de la série, Iron Fist augmente sa qualité d'épisodes en épisodes. Ainsi, il n'est pas surprenant d'être lassé pendant les deux premiers, tant la présentation des personnages semble laborieuse et vaine à cause d'une caractérisation des personnages fichés dès le début dans les cases gentils / méchants. Passé un épisode 2 et des choix de mise en scène douteux au travers d'une répétition flemmarde des mêmes flashbacks, Iron Fist révèle son ambition au travers un troisième épisode qui ouvre de nouvelles perspectives. En effet, le show doit composer avec plusieurs thématiques déjà largement évoquées dans les trois séries précédentes, et il est difficile d'y trouver quelque chose de vraiment original, hormis les origines moins urbaines. Si Iron Fist est un personnage relativement peu connu, il a toujours été apprécié, au travers d'origines qui mêlent fantastique et drame. La série manque clairement de moyens, et par conséquent les origines de Danny Rand semblent être bien trop expédiées, et pas assez expliquées, alors que le potentiel était énorme. De même, à contrario d'un Daredevil, la série souffre d'un manque de scènes d'action. Et si celles-ci s'améliorent beaucoup par rapport aux chorégraphies mauvaises des deux premiers épisodes, elle restent assez minoritaires et prennent une place bien trop faible pour une série qui tente de parler de kung-fu. Toutefois, elles sont plaisantes à regarder, et relèvent souvent le niveau de tel ou tel épisode. Les défauts des précédentes séries résidaient dans les longueurs et le format des séries avec un choix de 13 épisodes par saison, soit un total de 11 heures. Et c'est beaucoup trop pour ce qu'elles veulent raconter. C'est d'autant plus dommage que les personnages sont souvent très bien écrits et encore une fois, Iron Fist ne déroge pas à cette règle : les personnages sont intéressants.

Dieu sait que Finn Jones a été un choix controversé pour le rôle de Danny Rand, certains dénonçant son manque de musculature pour un héros entraîné depuis son jeune âge, d'autres se mettant à la monde et critiquaient ce choix car ils souhaitaient qu'un asiatique prenne le rôle. Ce whitewhashing complètement stupide et sans queue ni tête souhaitait qu'un héros blanc, milliardaire, dont toute l'intrigue et l'origine se basent sur une appropriation de la culture asiatique, soit asiatique. Et certains sont mêmes allés jusqu'à boycotter la série pour ça. Pourtant, Finn Jones est un très bon choix pour le rôle, et étant un grand fan du personnage des comics, il est particulièrement convaincant. Certes dénué d'un charisme que possède Mike Colter ou Charlie Cox, Finn Jones reste néanmoins un acteur taillé pour le rôle, et s'en sort très bien, même si certaines scènes surjouées laissent parfois dubitatif. Au fil des épisodes, le personnage de Danny Rand est creusé et de plus en plus réussi. Son caractère naïf, enfantin, loin des règles du monde, fait de lui un protagoniste intéressant et agréable à suivre : il n'est pas étonnant d'éprouver de la compassion pour lui. Hélas, son caractère n'évolue pas énormément dans la série, à la différence de Jessica Jones qui elle profitait d'une évolution parfaite de sa personnalité. Heureusement, on peut compter sur Colleen Wing (Jessica Henwick) et la famille Meachum pour faire avancer la série et offrir de très bons moments, tous étant des personnages intéressants. Ainsi, Colleen Wing vole allègrement la vedette à Danny Rand, et l'alchimie entre les deux personnages est très convaincante et permet à la série de captiver sans besoin de scènes d'action. Comme c'est souvent le cas dans les séries Netflix Marvel, les personnages secondaires sont souvent très développés, presque autant que le protagoniste principal. Toutefois, là où les trois séries précédentes avaient un atout indéniable, celle des antagonistes plus que réussis, Iron Fist peine à convaincre. En effet, la série ne possède pas vraiment de vilains charismatiques mais plutôt d'un enchaînement de vilains pas forcément très méchants. D'un côté, il est agréable de voir que les personnages ne sont finalement pas caricaturés comme on aurait pu le penser à la fin du visionnage des deux premiers épisodes, et de voir que le monde n'est pas rose et qu'on ne peut pas ranger tout homme dans la catégorie méchant / gentil. De l'autre côté, Iron Fist souffre quelque peu d'une absence relative d'un grand vilain. Quand on pense au Kingpin de Daredevil ou au Killgrave de Jessica Jones voire au Cottonmouth dans Luke Cage, il est difficile de croire que le nouveau bébé netflixo-marvellien ne possède pas de grand méchant. Bien sûr, la série en possède un certain nombre de personnages plus ou moins vilains, dont Madame Gao, déjà présente dans Daredevil et qui reste toujours aussi bien écrite, malgré une présence assez faible dans la série. De plus, Iron Fist reproduit les mêmes retournements de situation que possédaient Luke Cage avant lui, et cela empêche d'apprécier la série à sa juste valeur.

Iron Fist est dotée d'un générique au premier abord très étrange, sur fond de musique dubsteap à la Tron Legacy, et d'une bande originale qui est en totale opposition avec celle de Luke Cage, à savoir très effacée et peu présente, en plus d'arborer un style assez électronique qui pourra en agacer certains. Les effets spéciaux, quant à eux, sont assez cheaps et assez peu convaincants malheureusement (que ce soit dans les flashbacks ou pour K'un L'un). Toutefois, la série reste très agréable à suivre grâce à ses personnages et surtout grâce à Ward Meachum (et son joli fuck qui a fait le tour de la toile) qui est, selon moi, le personnage le plus abouti et le plus intéressant de la série. Enfin, les scènes d'action bien que peu nombreuses, sont pour la plupart convaincantes quand bien même les chorégraphies ne sont pas aussi bonnes que celles de Daredevil, et les pouvoirs d'Iron Fist donnent souvent lieu à des scènes visuellement belles. Par ailleurs, la mise en scène reste du même calibre que les précédentes séries, quoiqu'en deçà de celle de Daredevil, et le ton à la fois léger et dramatique de la série est réussie.

Oui, Marvel's Iron Fist est jusqu'à présent la moins bonne série Netflix / Marvel, à cause de son rythme, de son manque d'action et des ses défauts scénaristiques. Cependant, les personnages sont bien écrits et quand bien même la série n'est pas à la hauteur du potentiel gigantesque du personnage qu'est Iron Fist, elle reste suffisamment intéressante pour être appréciable, et ce grâce à une écriture réussie de ses personnages (principaux et secondaires). Au delà du bashing injuste de son acteur principal, Iron Fist reste une bonne série imparfaite mais prenante. Nul doute que Defenders cassera la baraque en septembre prochain.