The Last Stand

Le troisième film d'une saga a toujours été sujet de problèmes du côté de la licence X-Men. X-Men : The Last Stand était catastrophique par rapport à ce que Bryan Singer avait fait avec les deux premiers. De même, Apocalypse n'a pas réussi à égaler la force des deux précédents opus (X-Men First Class et Days of Future Past). Les plus sceptiques auraient sûrement sortis un "jamais deux sans trois" avec Logan qui vient conclure une trilogie sur notre cher mutant griffu. Et pourtant...

Logan renverse les codes de films de super héros actuels en se révoltant contre la continuité des films presque imposée (le MCU repose entièrement sur une cohérence au sein de son univers). Ainsi, exit la suite monotone, vierge et sans âme et place à un métrage qui ne prétend pas être une suite mais bien un métrage à part entière, un film qui se veut original tout en n'entrant pas en incohérence avec le reste de la saga puisque James Mangold a pris l'initiative évidente d'un Wolverine dans le futur. Pour sa dernière prestation à l'écran dans le rôle du glouton, Hugh Jackman a souhaité faire de cet opus quelque chose de particulier qui se rapprocherait du ton employé dans le comics à succès Old Man Logan c'est à dire un Wolverine usé, faible, vieux et sans espoir dans une ambiance crépusculaire à la western. Suite au succès de Deadpool l'an passé, Logan peut se permettre de se payer un joli R-Rated (soit interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux US). Logan avait tout pour être parfait.

Sans l'être totalement, Logan accède à un potentiel que presque aucun autre film de super héros n'a su franchir, et c'est en partie grâce à la force de Hugh Jackman, livrant sa dernière (mais non la moindre) prestation. Ce dernier va être sujet à un road trip classique aux côtés d'un Patrick Stewart usé et tourmenté (pour la dernière fois à l'écran en tant que Charles Xavier) et de la jeune et époustouflante Dafne Keen qui signe son premier rôle à l'écran. Le trio va devoir surmonter tout un tas de difficultés (intérieures comme extérieures) pour accéder, peut être, à une forme de paix intérieure. On suit pendant deux heures le sort de personnages affligés par ce qu'ils ont fait et ce qu'ils ont enduré. L'histoire est très classique, et prend la forme d'un road trip (aussi bien réel que symbolique) brutal. Cette brutalité se retrouve décuplée dans les scènes d'action, violentes et viscérales, allant jusqu'au pur plaisir visuel. Logan et Laura s'en donnent à cœur joie et démembrent avec fougue leurs ennemis. Rarement des scènes d'action ont été si jouissives, mais aussi si prenantes, parce que James Mangold a réussi l'exploit de mêler super héroïsme à réalisme. Il n'est pas étonnant de voir ainsi les conséquences de ses massacres sur ces personnages. Finalement, c'est ce qu'on voulait depuis le début et c'est ce qu'on attendait depuis longtemps. James Mangold impressionne tant par la qualité de sa mise en scène que par l'immersion et le réalisme du film, entre une scène d'ouverture qui donne directement le ton du métrage et la fin parfaite que l'on pouvait attendre pour ce film. En plus de cela, le métrage prend (enfin) son temps pour poser la situation, les personnages, et n'hésite pas à se poser pour mieux étudier la relation entre Logan et Laura.

Pourtant, Logan n'est pas exempt de défauts. A trop vouloir s'axer sur le réalisme, le film perd un peu de sa force quand il part dans son opposé vers la fin. De même, on peut lui reprocher d'avoir des vilains certes charismatiques (Donald Pierce est incroyable), mais qui ne sont pas au centre de l'histoire. Enfin, alors que le film prend son temps dans sa majeure partie, les moments les plus émouvants sont trop vite expédiés. Bien entendu, le film reste très touchant (autant dans sa forme que dans le fait que le film marque les dernières prestations de Jackman et Stewart) mais il aurait mérité d'avoir plus de temps consacré à ces moments. Toutefois, Logan ne possède pas de longueurs car le métrage fascine tout au long de sa durée, en partie grâce aux acteurs et à la mise en scène, mais aussi par les dialogues et les moments de sincérité du trio. Et la grande force de Logan c'est de réserver quelques surprises que sa promo n'a pas révélé, et qui ne font que plus apprécier son visionnage.

Au final, Logan est un film brutal, réaliste, et bien plus que réussi. Il aborde de nombreux thèmes importants et ne tombe pas dans la facilité déconcertante ou dans un final laborieux comme l'était celui du Combat de l'Immortel. Au lieu de cela, Logan livre sans doute le meilleur final d'un film X-Men et il est, sans l'ombre d'un doute, l'un des meilleurs films de super héros. Dur de dire adieu à deux acteurs qui ont été les pionniers de la révolution super héroïque cinématographique et les piliers de la saga X-Men. Dur les voir malmener dans une brutalité qui fait mal, parfois. Avec une ambiance crépusculaire futuriste, et une bande originale en arrière plan douce et belle, Logan s'inscrit dans le palmarès 2017 comme l'un des meilleurs films de ce début d'année, et une incroyable surprise. Malgré quelques lacunes scénaristiques, le film redonne de l'espoir quant à l'avenir des films de super héros en général, car Logan est presque parfait. Un baroud d'honneur magistral, réaliste, et brutal.

C'est l'histoire d'un garçon devenant homme. (Origins Wolverine)

D'un homme devenant animal. (Origins Wolverine)

D'un animal devenant homme. (X-Men)

D'un homme devenant mortel. (The Wolverine)

C'est l'histoire d'un homme devenant légende. (Logan).