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Critique garantie sans spoilers.


Sur fond de rap américain et de sons hip hop, ainsi que des discours sur des personnages historiques qui ont contribué à l’abolition de l’esclavage afro-américain, Luke Cage avait tout pour être une série qui resterait sans nul doute très connue dans les années à venir. Des super héros noirs à l’écran, il faut dire qu’il n’y en a pas eu beaucoup, aussi bien sur le grand que sur le petit. Marvel et Netflix entament la troisième partie de leur puzzle Defenders avec cette série, qui vient donc chambouler ne serait-ce qu’un peu le genre super héroïque. Les héros black se comptent réellement sur les doigts de la main dans leur propre adaptation. Hancock, avec Will Smith, avait tenté d’imposer un héros black créé de toutes pièces, mais le succès n’a pas été au rendez-vous. En ce moment, la stratégie des studios est de proposer plus de diversités dans le genre. C’est pourquoi Wonder Woman, Captain Marvel, Jessica Jones, Black Panther, Cyborg,… arrivent, afin de toucher un public toujours plus large et montrer que chaque individu peut avoir son propre héros.


Ainsi, Luke Cage était ambitieux. Non seulement le personnage est très charismatique, et il a toujours plu aux lecteurs de comics (les preuves sont là : Nicolas Cage s’appelle comme ça grâce à Luke, et Tarantino a voulu faire un film sur lui). Bien sûr, le public commence peu à peu à se lasser des shows Netflix / Marvel, qui comportent leurs lots de défauts, souvent les mêmes au fils des saisons. Luke Cage était et est toujours une étape cruciale pour Netflix afin de renouveler l’ambiance globale de leurs séries, tout en offrant aux spectateurs ce qu’ils attendent d’une telle série. Ainsi, on retrouve le célèbre filtre jaune qui avait rendu il y a deux ans de cela Daredevil mature et violent. Luke Cage se voit devenir aussi sombre et réaliste que le sont ses prédécesseurs, la devise de Netflix étant de plus en plus claire : faire des séries de ces héros urbains des shows qui se prennent au sérieux. Exit les lourds calembours et autres scénarios light and fun de Marvel Studios, retour au trash des rues de New York, cette fois-ci à Harlem. On note un réel effort de mise en scène pour Luke Cage, quelque chose d’assez impressionnant, Harlem est vraiment dépeinte pendant les treize épisodes de manière majestueuse et on y croit fermement de bout en bout.


Luke Cage est au moins à regarder pour sa splendide bande son, composée de sons divers et variés, mais qui ont tous un rapport avec les épisodes en eux-mêmes, ou prolongeant l’ambiance de telle ou telle scène. Des musiques qui, globalement, apportent à Luke Cage une atmosphère différente de Jessica Jones et Daredevil. Les personnages eux-mêmes sont à fond dans la musique, et beaucoup de références sont faites à propos de compositeurs. Toujours au niveau des références, Luke Cage en propose beaucoup. Trop, peut être, à un simple spectateur lambda, qui sera vite perdu par la flopée de noms historiques sur des blacks afro-américains importants dans l’histoire de l’Amérique. On note d’ailleurs une réplique fabuleuse de Luke Cage en fin d’un épisode, faisant face à un criminel. Tout cela fait de Luke Cage une série attractive dans ce qu’elle enseigne, car si vous êtes curieux, tous les noms cités dans la série vous apprendront beaucoup de choses.


De ce côté-ci, Luke Cage n’est pas avare en easter eggs. Que ce soit des références vis-à-vis des précédentes séries Marvel / Netflix, ou des prochaines séries Marvel / Netflix (avec un court teaser introductif pour Iron Fist qui nous confirme qu’un personnage qui aime décidément passer partout sera de retour), en passant par des personnages connus ou des petites blagues sur les Avengers, le compte y est. Mais la plus remarquable de toutes les références est vraiment celle de son costume qu’il portait lors de ses premières apparitions dans les comics, un look vraiment rétro, flashy et irréaliste, composé d’une chemise jaune notamment.


Avec les séries Netflix/Marvel, on sait que les personnages seront développés longuement, que ce soit le bad guy ou le héros, et là-dessus on ressort encore vraiment heureux. Du côté de Luke Cage, interprété par Mike Colter, tout va pour le mieux. L’acteur, qui a pris pas mal de muscles, c’est le cas de le dire, se donne à cœur joie dans un rôle dont il est fier de jouer. Mike Colter est charismatique, et est un très bon choix de casting pour incarner le héros. Certes, certaines séquences sont un peu surjouées par Colter, ou sous-jouées aussi, de temps en temps, mais ce n’est pas ces quelques moments qui vont me faire changer d’avis sur le personnage. Ici, Luke Cage est accompagnée de deux personnages féminins. La première est Misty Knight, personnage clé de l’univers de Luke Cage et des héros urbains en général. Pas encore considérée comme une héroïne ni même évoquée comme qui pourrait être son futur, elle est simplement un lieutenant de police, ayant grandi dans les rues de Harlem et ayant appris à se battre dans ces mêmes rues. Misty est un personnage très intéressant, qui souhaite réellement qu’Harlem se porte mieux et elle espère voir disparaître les mafias qui dominent Harlem. Flic intègre, elle fait la connaissance de Luke Cage et est partagée quant à l’utilisation de son pouvoir et de son innocence dans les affaires qui toucheront Harlem. La seconde personne féminine est quant à elle une habituée des séries Netflix / Marvel, puisque c’est bien Claire Temple qui revient pour un rôle central dans Luke Cage. Interprétée par la géniale Rosario Dawnson, celle qui est désignée sous le nom de « l’infirmière de nuit » dans les comics est toujours aussi charismatique et attachante. D’autres amis de Luke Cage sont développés, longuement ou non, dans la série, plus ou moins bien.
Mais le plus remarquable chez Netflix / Marvel, c’est le fait que les bad guys soient tous développés longuement, presque autant que le héros en lui-même. Dans Luke Cage, le nombre assez important de vilains principaux obligent la série à s’attarder beaucoup sur eux, ce qui n’est (vraiment) pas un problème. Cottonmouth, méchant central, est ainsi le second personnage le plus charismatique de la série, à mon goût, avec un jeu parfait. Son style finit par être un peu prévisible, c’est vrai, parce que rire une fois dès qu’on est énervé c’est bien, mais le faire tout le temps, c’est en retour énervant. Les motivations de Cottonmouth sont de plus en plus claires, et tout comme le Caïd en son temps, Cornell devient un personnage plutôt attachant. On se surprend même à regretter les incidents produits au cours de la saison, à contrario de certains méchants qu’on déteste sans relâche (Joffrey, dans Game of Thrones). Ensuite arrive Mariah Dillard, cousine de Cornell, qui s’affirme dans la série petit à petit, dont le seul but est de faire régner sa vision de Harlem dans les rues. Politique dans l’âme, mais qui se révèle intéressante surtout dans la seconde moitié de la saison, bien qu’on la haïsse pour ce qu’elle a fait. Ensuite se profile Shades. Incroyablement bien transposé à l’écran grâce à son acteur, impossible de comparer alors avec la version papier, totalement ridicule. Ici, Shades est sans nul doute le plus charismatique de toute la série, lunettes de soleil sur la tête, crane chauve et faciès qui veut tout dire : un gros dur. Enfin arrive Zip, Turk, et beaucoup d’autres, hommes de main ou non, qui ont tous un petit ou grand rôle à jouer dans le parcours de Luke Cage. Bien entendu, des surprises arrivent au cours de la série, et je ne m’apprête pas à vous les raconter dans cette critique.


C’est d’ailleurs une très bonne réussite : les retournements de situation sont nombreux et, à quelques exceptions près, tous très bons. L’un est particulièrement réussi, et, excusez mon langage, m’a vraiment mis sur le cul. Moi-même habitué des éternels twists assez peu surprenants, celui-ci m’a vraiment choqué. C’est pourquoi je vous invite à regarder Luke Cage sans vous faire spoiler avant. Car c’est un plaisir de tout découvrir en temps en en heures.


En termes de réalisation, Luke Cage est à l’honneur. Pas aussi bien mis à l’image que Daredevil, Luke Cage propose cependant beaucoup de séquences parfaitement maîtrisées, que ce soit des séquences d’action, couloir oblige chez Netflix / Marvel, ou des plans magistraux et non dénués de sens. Il me vient à l’esprit un plan qui m’a vraiment marqué de par son ingéniosité. Dans l’un des tous premiers épisodes, Cottonmouth explique la loi de la rue tout en avançant vers la caméra. Sur le mur d’en face, un tableau avec une tête et sur cette tête une couronne. Et pour montrer le pouvoir et l’influence de Cottonmouth, il s’approche de la caméra jusqu’à ce que sa tête remplace celle du tableau et que la couronne semble être taillée à son échelle. Magnifique plan, vraiment. Du coup, on pourra redire de l’ingéniosité d’un tel plan au tout dernier épisode, mais je ne vais pas vous gâcher le plaisir de voir ça par vous-mêmes. Les jeux de couleur et le filtre jaune peuvent en déranger certains, soit lassés par la méthode Netflix / Marvel (dans ce cas, je vous ne comprends pas forcément, mais j’accepte), soit non habitués à un tel niveau d’art (oui, j’abuse un peu). Les flashbacks dans lesquels Misty vient s’insérer pour tenter de résoudre des enquêtes sont vraiment réussis.


Parce que je n’ai pas parlé de l’histoire, je m’apprête à le faire, mais ne vous inquiétez pas, aucun spoil ne sera énoncé. Luke Cage démarre comme les précédentes séries Netflix / Marvel. Un héros qui n’en est pas encore un, qui refuse d’accepter ce qu’il est et qui ne sait d’ailleurs pas ce qu’il est. Un héros perdu, qui essaie d’être invisible dans la société, qui attend tout simplement le petit déclic qui fera de sa vie une vie plus mouvementée. Du coup, rien de surprenant au niveau de l’histoire principale. Mais l’intérêt réside dans ce qu’elle a à nous raconter, je veux dire, dans le contenu même. Grâce à des personnages charismatiques, on obtient forcément de très bonnes choses côté scénario, et du coup Luke Cage possède quelques coups scénaristiques très bien pensés et ficelés. Quelques sauts scénaristiques sont à déplorer, y compris des erreurs de maladresse dans l’histoire, mais rien de bien choquant. Luke Cage est assez avare en scène d’actions. Et si scènes d’actions il y a, alors elles sont assez brèves et pas forcément spectaculaires (bien que très bien chorégraphiées). Du coup, on passe beaucoup de temps à suivre des dialogues bien écrits. Ce n’est pas un inconvénient, d’autant plus que les dialogues sont écrits d’une main d’expert.


Alors vous vous étonnez peut être de ma note au fur et à mesure que vous lisez cette critique, en vous disant « pourquoi diable (n’) avoir mis (que) 8 ? ». Eh bien, le show comporte des défauts. Pour moi, Jessica Jones et Daredevil en avaient assez peu pour pouvoir les oublier, mais Luke Cage, quatrième saison de coproduction Netflix / Marvel, se devait de les éviter. Et pourtant, même si les défauts sont inverses, ils sont présents. Je parle de défauts inverses, parce que dans Daredevil et Jessica Jones, le principal défaut venait de la structure même des épisodes, avec un réel relâchement vers la moitié des épisodes, alors que dans Luke Cage c’est tout l’inverse. Les premiers épisodes sont assez lents, présentent les personnages et posent l’ambiance du show, mais du coup, la lenteur se fait sentir et quelques spectateurs pourront vite arrêter la série. Et pourtant, Luke Cage explose au niveau du sixième épisode jusqu’à la fin, avec un nouveau souffle considérable, et ça fait du bien, parce que jamais on ne voit les mêmes choses. Certes, on peut se lasser, à cause du trop plein de dialogues et le manque parfois cruel d’action dans une série qui se disait en être une. Hélas, tout comme Daredevil et Jessica Jones le sont pointés du doigt, Luke Cage n’arrive pas à enlever le mythe du dernier épisode « raté ». Je dis mythe, car je ne l’ai pas ressenti dans les précédents shows, mais vous avez été beaucoup à le percevoir. Et je dois devenir comme vous, puisque maintenant avec Luke Cage j’ai ressenti ce que vous avez été nombreux à ressentir. Un relâchement dans l’écriture et une fin bâclée. Oui, bâclée. Bâclée par les quinze minutes (seulement) d’action, assez pitoyables (mais je ne développerais pas plus afin de vous réserver la surprise de fin), et par la fin qui n’en est pas une. C’est dommage de finir la série, car une saison 2 n’a pas encore été officialisée, comme cela. Bien que les personnages subissent à peu près tous une évolution par rapport au début de la série, tous les problèmes ne sont pas résolus.


Luke Cage a un peu de mal à démarrer, c’est un fait. Mais malgré une arrivée ratée, Luke Cage s’impose réellement grâce à la somme de tous les retournements de situation qui font de Luke Cage une série assez imprévisible. De plus, l’immense culture proposée dans les propos des personnages et dans les nombreuses musiques nous permettent d’apprécier encore plus la série. Luke Cage est donc, selon moi, le premier super héros black afro-américain à avoir une adaptation à la hauteur de son personnage. Une série grandiose, de bout en bout, offrant avec lui des personnages tous très bons, notamment un méchant Cottonmouth décidément en forme. Mais hélas, Luke Cage arrive après Daredevil et Jessica Jones, ce qui fait de ce show le moins bon de ce que nous ont jusque là proposé Netflix et Marvel. Je n’ai qu’une chose à dire pour finir : Vivement Iron Fist !

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le 9 oct. 2016

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Marvellous

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